"La Suisse a les moyens d'être un modèle en matière de mobilité. En revanche, les Suisses ne sont pas des modèles", affirme Sébastien Munafò, directeur de la filiale suisse de 6-t, un bureau d'études spécialisé sur la mobilité.
Chaque Suisse parcourt chaque année plus de 25'000 kilomètres. Ces déplacements sont effectués en majorité avec des moyens de transport très polluants: la voiture et l'avion. La Confédération estime à 13 milliards de francs le coût global de ces nuisances.
Secteur aérien mis à part, c'est la voiture qui domine largement la mobilité des résidents suisses:
Une politique onéreuse pour la collectivité
"Le réseau de transports publics suisse est excellent", souligne Sébastien Munafò. Mais le problème est que les Suisses ne l'utilisent que pour les trajets du domicile au travail. Les loisirs, qui constituent pourtant le premier motif de déplacement, s'effectuent généralement en voiture. "On utilise les deux, mais on n'a pas remplacé l'un par l'autre. On a donc une politique des transports qui coûte très cher à la collectivité, tant pour les infrastructures routières que pour les infrastructures ferroviaires et de transport public. Il faudra faire un choix", estime le spécialiste.
Un autre choix à faire, celui des moyens de transport à favoriser dans les villes. Entre les voitures, trams, bus, vélos et autres trottinettes, l'idéal n'est peut-être pas de les faire cohabiter, mais plutôt de les hiérarchiser, observe Sébastien Munafò. "Plus les modes de transport génèrent de nuisances, moins ils devraient avoir de place. Or, en ville, la place accordée à la mobilité douce est encore trop réduite par rapport aux gros avantages que ces moyens de transport représentent."
Encore très loin du tout électrique
Arrivera-t-on un jour au tout électrique? Il le faudra bien, pense Sébastien Munafò. Ces véhicules sont les plus vertueux, y compris lorsque l'on prend en compte la fabrication et le recyclage des batteries.
"Si l'on veut atteindre les objectifs fixés pour la réduction de l'émission de gaz à effet de serre, il faudra passer par une motorisation électrique massive. Soit environ 65-70% du parc automobile à l'horizon 2040. Or, aujourd'hui on est plutôt à 1% donc on en est encore loin".
Sébastien Munafò ne croit toutefois pas que l'on verra un jour nos villes sans voiture. En revanche, il prédit déjà une réduction drastique de leur utilisation. Une réduction amorcée depuis quelques années dans les centres compacts de certaines agglomérations, grâce notamment à la diminution du nombre de places de stationnements. Ce levier "très efficace" pour changer les comportements.