Entre 2018 et 2019, le CHUV de Lausanne a enregistré une hausse de 34% de ses opérations. A Genève, les HUG constatent une augmentation de 30%, tandis que les vasectomies progressent de 51% au Centre lémanique d'urologie, qui regroupe trois cliniques vaudoises (Bois-Cerf, Cecil et La Source).
Pour le CHUV en particulier, l'établissement pratiquait 25 vasectomies par an en 2015. En 2019, l'hôpital enregistrait 75 opérations annuelles, soit trois fois plus.
Les hôpitaux non-universitaires, l'hôpital du Jura et celui de Fribourg par exemple, n'ont de leur côté pas enregistré de hausse spectaculaire.
Changement sociétal
Contactés par la RTS, plusieurs médecins font le constat d'un changement sociétal en cours. Certains hommes disent vouloir faire leur part.
"C'est ce que je remarque avec les jeunes pères. Ce sont des gens qui ont en général la trentaine, qui sont peut-être un peu plus bercés avec le fait de partager les responsabilités. C'est leur choix, ils soulagent aussi leur compagne", explique Michel Zbinden, médecin assistant du CHUV.
Pour ce dernier, le mouvement de libération de la parole des femmes a aussi joué un rôle dans l'ascension du recours à la vasectomie.
"Pas une charge problématique"
Interrogé vendredi dans La Matinale, Vincent, 38 ans et deux enfants, affirme avoir pris sa décision par souci d'égalité avec sa compagne.
"L'éducation des enfants, le ménage à la maison, la répartition des tâches à l'intérieur de notre couple, j'ai presque envie de dire que ça englobe aussi la problématique de la contraception. Ça fait depuis son adolescence que ma compagne prend la pilule. J'estimais que pour moi ce n'était pas une charge problématique que d'envisager la vasectomie", confie-t-il.
Une crainte revient souvent chez les hommes concernés, celle de mettre à mal la virilité. Mais Vincent la balaye: "Cette décision est uniquement personnelle. C'est comme une histoire de religion, pour moi ça ne regarde qu'une personne. Je n'ai aucun souci avec la masculinité ou la confiance en soi, je n'ai pas l'impression que ça fait de moi un demi-homme."
Une vasectomie coûte entre 800 et 1000 francs environ et est entièrement à la charge du patient.
Natacha Van Cutsem/gma
Opération irréversible?
Dans la feuille de consentement destinée aux patients, il est écrit qu'il faut "considérer la vasectomie comme une opération irréversible". Reste que cette opération n'est pas tout à fait irréversible. Un retour en arrière est possible, mais il est compliqué et coûteux.
"Le grand souci qu'on a, ce sont les patients s'étant fait vasectomiser qui veulent se faire reperméabiliser. Ce n'est pas d'une efficacité garantie. Toute femme ou tout homme peut tout d'un coup perdre son conjoint, refaire sa vie, et vouloir refonder une famille et là vous imaginez le problème", explique Christophe Iselin, chef du service d'urologie des HUG.