Le 10 juin 2018, 73% de la population avait accepté la révision de la loi sur les jeux d’argent avec comme conséquence la légalisation des plateformes de jeux en ligne. Depuis son entrée en vigueur en janvier 2019, cinq des 21 casinos du pays (tous alémaniques) se sont déjà lancés en ligne et trois autres (Genève, Berne et Lugano) ont entamé des démarches.
Car séduire les joueurs est un enjeu de taille: les bénéfices des jeux en ligne sont estimés à plus de 250 millions de francs par année en Suisse, selon les chiffres du Département fédéral de justice et police (DFJP). C'est une somme qui s’échappait jusqu’alors sur des plateformes étrangères.
Toucher un nouveau public
Le Grand Casino de Lucerne a été le deuxième du pays à se lancer sur le web. Il a investi plusieurs millions de francs pour offrir rapidement une plateforme légale aux joueurs.
"Notre expérience sur six mois nous montre que nous arrivons à toucher un nouveau segment de joueurs", se réjouit le CEO du casino Wolfgang Bliem dans le 19h30. "L’offre en ligne ne se substitue pas à l’offre terrestre, au contraire. Nous sommes très contents d’avoir trouvé une offre supplémentaire", souligne-t-il.
D’après les statistiques de l'établissement, plusieurs milliers de personnes ont déjà créé un compte sur son site, en majorité des hommes entre 25 et 45 ans. La plupart ne sont pas des habitués du casino terrestre. En ligne, la dépense moyenne est d’une centaine de francs par mois.
Céline Brichet/oang
Inquiétudes du côté de la prévention
La multiplication des offres de jeux et leur grande accessibilité inquiète les milieux de la prévention.
"En ligne, les jeux sont plus faciles d’accès", déplore Romaine Darbellay de Promotion Santé Valais. "Il y a aussi des stratégies marketing qui sont plus convaincantes, des bonus gratuits à l’inscription, des concours, et les graphismes les jeux sont très proches des jeux vidéo, donc ciblent aussi les jeunes", poursuit-elle.
Les casinos sont tenus de proposer des mesures sociales contre l’addiction, mais les organes de prévention aimeraient des règles plus strictes, comme des cartes de joueurs ou l’interdiction des notifications qui incitent à jouer.