Urs Hadorn, qui soutiendra par contre la nouvelle loi sur les
étrangers, explique que les mesures prévues par la loi révisée sont
disproportionnées et peu efficaces.
En tant que pays à tradition humanitaire, la Suisse ne doit pas
s'afficher en tête des Etats les plus sévères, explique celui qui a
participé pendant des décennies à la mise en oeuvre de la politique
d'asile de la Confédération.
Ne pas généraliser les abus
Christoph Blocher et les partisans de la nouvelle loi donnent
une mauvaise image de la Suisse. En focalisant l'attention sur les
abus, ils suggèrent par ailleurs que tous les demandeurs d'asile en
commettent.
Urs Hadorn rappelle que des hommes cherchant à rejoindre l'Europe
se noient tous les jours dans la Méditerranée ou l'Atlantique.
"Nous sommes confrontés à une vague migratoire et pas seulement à
un problème d'abus", explique-t-il, craignant qu'avec la nouvelle
loi, la Suisse se contente de détourner les migrants vers d'autres
pays européens.
Selon lui, la nouvelle loi est inutile, peu efficace et démesurée.
En cas d'acceptation de la loi révisée, le flux de réfugiés ne va
pas se réduire sensiblement.
Coopération internationale prônée
La Suisse va au devant de l'échec si elle compte ainsi
«combattre les abus» en matière de migrations. Les migrations
doivent être encadrées, a-t-il expliqué. Et le seul moyen d'être
réellement efficace est de renforcer la coopération avec les pays
de l'Union européenne, les pays de transit et les pays
d'origine.
Qu'il soit possible de distinguer plus rapidement un vrai d'un
faux réfugié en réclamant un passeport ne convainc pas Urs Hadorn.
Les papiers d'identité sont souvent d'une qualité douteuse. La
marge d'appréciation pour définir les raisons justifiant leur
absence est très grande, relève-t-il encore.
Le nombre de décisions de renvoi pour des raisons erronées risque
ainsi d'augmenter, selon lui. Et il n'y aura pas plus de requérants
d'asile disposant de passeports, estime-t-il. C'est en effet
souvent contre la volonté des réfugiés que les passeurs s'emparent
des documents.
La suppression de l'aide d'urgence pour les requérants déboutés
aura pour conséquence d'inciter un plus grand nombre d'entre eux à
plonger dans l'illégalité, regrette également Urs Hadorn.
ats, ap/cab
Long contact avec les réfugiés
Urs Hadorn a exercé durant 30 ans la fonction de vice-directeur de l'ODR.
Avec Eduard Gnesa, le directeur actuel de l'ODM, il a préparé sous l'autorité de Christoph Blocher la fusion de l'ODR et de l'Office fédéral de l'immigration, de l'intégration et de l'émigration (IMES) pour créer l'Office des migrations.
Il a également dirigé l'ODR à titre intérimaire.