"La Confédération n’abandonne pas sa population. Elle veut la protéger. Avec des mesures fortes. La plus spectaculaire, c’est bien sûr la fermeture de toutes les écoles. Choquante, mais devenue indispensable pour enrayer la maladie. Les écoles – c’est sacro-saint – dépendent des cantons, mais vu la situation, Berne a heureusement tranché. Une solution différenciée aurait été irresponsable", tranche Le Temps dans son édito.
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"Jusqu'à maintenant, le régime de crise donnait aux cantons une trop grande liberté face au coronavirus, tout en leur imposant de fait une trop grande responsabilité." Les nouvelles règles assurent une plus grande unité et efficacité dans la réponse à donner à la pandémie, abonde le Tages-Anzeiger, qui se demande si le Conseil fédéral ne devrait pas aller encore plus loin.
"Il était temps"
"En temps de crise, il est important de garder la tête froide. Et, si nécessaire, agir avec une grande détermination", écrit la NZZ: "C'est exactement ce que le Conseil fédéral a fait et continue de faire. Le gouvernement étatique prouve qu'il peut diriger le pays en cas d'urgence - "et qu'il est prêt à prendre des décisions courageuses, voire difficiles quand il le faut, soutient le journal zurichois.
Il faut aussi saluer sa solennité. "Des choses importantes, graves même, ont été dites sans panique ni populisme. Tout le monde semble avoir compris que ce n’est pas à coups de Dafalgan que nous nous débarrasserons du virus", souligne l'édito de 24heures. "La Confédération a pris conscience de la gravité de la situation. Il était temps, diront certains", glisse La Liberté.
Le Temps estime aussi que cette décision "doit absolument être accompagnée par les autorités" pour que la population puisse faire garder ses enfants et passer au télétravail.
Union nationale fissurée
Le quotidien vaudois remarque toutefois "que malgré les nombreuses séances préparatoires entre Berne et les cantons, subsiste un petit goût de cacophonie et d’usine à gaz. Face à la crise exceptionnelle, la lenteur du fédéralisme montre quelques limites et paradoxes".
Dans le même ordre d'idée, La Liberté note que les mesures annoncées "auraient dû sceller l'union nationale. Or celle-ci souffre de quelques fissures, cantons et Confédération divergeant sur la durée des restrictions et la taille des rassemblements autorisés". Et de conclure lui aussi que "face à une pandémie mondiale, le fédéralisme est décidément un remède périmé".
Quant au Temps, il espère que les cantons vont tous interpréter les mesures gouvernementales de la même manière.
"Un nouveau vivre ensemble"
"La difficulté principale pour la population ne réside pas forcément dans les mesures strictes annoncées hier. Elle consiste dans le fait que, presque chaque jour, de nouvelles décisions renforcent les précédentes. Dès qu’on s’adapte à la situation du moment, celle-ci devient obsolète", analyse La Tribune de Genève, mettant en exergue l'incertitude sur leur gradation continuelle.
La peur de la pandémie est naturelle, ajoute Arcinfo. Toutefois, elle ne doit "pas nous submerger. Passé ce moment de stupéfaction, il s’agit maintenant d’inventer un nouveau 'vivre ensemble'". Et le Journal du Jura de relever justement "ce paradoxe voulant que ce vivre-ensemble, tellement nécessaire en ces temps de doute et de souffrance, devra aussi se concrétiser par un 'vivre séparés' pour le bien collectif.
Car "dans l'excitation, nous ne devons pas oublier pourquoi les gouvernements de nombreux pays prennent des mesures d'urgence: c'est un acte drastique qui signifie en fin de compte faire preuve de solidarité. Solidarité avec les personnes qui pourraient être menacées par le coronavirus", constate le Blick.
Mise à l'épreuve de la population
Et la presse est unanime à ce sujet: le nerf de la guerre réside dans le respect des consignes sanitaires. Et ce afin d'atteindre les deux principaux objectifs des mesures édictées, soit protéger les personnes vulnérables et garantir les soins de santé.
"En prenant des mesures fermes, la Confédération et le canton tentent de raccourcir le temps de crise. Cette stratégie est bonne, mais à une condition: que chacune et chacun joue le jeu. Sinon, une catastrophe économique et sociale bien plus grave nous guette", résume La Tribune de Genève.
"Le coronavirus n'est pas la peste, mais ce n'est pas non plus une grippe saisonnière", affirment les publications de AZ Medien qui y voient aussi un test grandeur nature de la capacité à se discipliner de la population. "Le coronavirus met à l’épreuve notre solidarité autant que notre système de santé", complète La Liberté.
ats/ani