Les hôpitaux, en particulier les unités de soins intensifs, se trouvent en première ligne face à l'épidémie du coronavirus. Le risque est de voir les établissements débordés face à l'afflux de malades, situation que connaît déjà en partie le système de santé italien.
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Face à cette crainte, la Confédération dispose-t-elle vraiment d'une vision d’ensemble de la situation qui prévaut dans les établissements et cantons du pays alors que des décisions sans précédent sont prises?
Nous avons tenté de le savoir depuis le début de la semaine en sollicitant de l'OFSP des chiffres sur l'évolution des taux d’occupation des unités de soins intensifs et d'utilisation des respirateurs artificiels, machines indispensables au maintien en vie des personnes les plus gravement touchées. Sans succès.
"La récolte des données suit son cours"
Questionné au sujet de ce suivi lors de la conférence de presse du Conseil fédéral de vendredi, Daniel Koch, responsable de la division Maladies transmissibles à l'OFSP, s'était voulu rassurant. "Au niveau fédéral on a des données pour juger où et comment ces infrastructures sont utilisées et où et comment ces infrastructures vont être libérées pour les futurs patients de l’épidémie", avait-il affirmé devant le parterre de journalistes.
Pourtant, selon nos informations, il s’avère que la récolte des données est laborieuse, et que personne ne semble disposer pour l’instant d’une vue nationale et d'un suivi précis de la situation dans les hôpitaux traitant des malades contaminés par le coronavirus.
Après de nombreuses relances afin d’obtenir des chiffres et des réponses précises (nous avons entre autres demandé si les données étaient complètes, s’il existait des problèmes dans leur récolte et si les autorités fédérales disposaient d'une vue d’ensemble de la situation), l’OFSP s’est limité à nous répondre que "la récolte des données suit son cours" et que le suivi de la situation "s’effectue en étroite collaboration avec les cantons dont dépendent les hôpitaux", sans plus de détail.
Des données trop dépareillées
L’armée, en charge de cette collecte depuis lundi, nous a toujours renvoyé vers l’OFSP sans donner d'information sur le déroulement et la qualité du processus.
Toujours selon nos informations, l’état actuel des données remontées depuis les hôpitaux sont trop dépareillées pour offrir une vision d’ensemble. "Le moment et la forme selon laquelle ces informations seront communiquées ne sont pas encore définis", se contente de répondre l’OFSP.
Preuve de l'urgence et des difficultés rencontrées, le Conseil fédéral a inscrit dans sa dernière ordonnance un article sur l'obligation d'informer.
Le texte stipule que "les cantons ont l’obligation de communiquer régulièrement (...) le nombre total et le taux d’occupation des lits d’hôpitaux; le nombre total et le taux d’occupation des lits d’hôpitaux réservés pour le traitement de maladies dues au COVID-19; le nombre total et le taux d’occupation des lits d’hôpitaux aux soins intensifs; le nombre total et le taux d’occupation des unités d’oxygénation extracorporelle par oxygénateur à membrane (ECMO)".
Marc Renfer