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Les anti-inflammatoires sont-ils à proscrire en cas de symptômes du Covid-19?

Il serait bon de favoriser le paracétamol plutôt que les anti-inflammatoires en cas de fièvre liée à une infection par le coronavirus. [Keystone - Peter Schneider]
Les anti-inflammatoires pourraient aggraver l’infection en cas de coronavirus / Le 12h30 / 2 min. / le 15 mars 2020
Faut-il ou pas prendre des anti-inflammatoires en cas de symptômes du coronavirus? La question se pose depuis le tweet publié samedi par le ministre français de la Santé Olivier Véran. Il appelle à utiliser du paracétamol en cas de fièvre car les anti-inflammatoires pourraient être à l'origine d'aggravations de l'infection.

Ce message publié sur Twitter par le ministre français de la Santé interpelle les spécialistes contactés car il n'a pas été suivi d'explications. En effet, il n'y a aucune aucune publication scientifique à propos du covid-19 et des AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) permettant de comprendre l'origine de cette recommandation.

Il s'agirait en fait d'observations empiriques recueillies en France en milieu hospitalier. Il existe des cas de patients de moins de 65 ans n'appartenant pas à des groupes à risques qui présentent une forme sévère de la maladie. Elles ont un point commun: la prise d'anti-inflammatoires en automédication.

Or la pratique de la prise d'anti-inflammatoires pour faire baisser la fièvre est déjà sujette à caution dans le milieu médical lors d'affections pulmonaires, car ceux-ci pourraient favoriser la réplication du virus dans les poumons. Malgré cela, l'alternance de paracétamol avec des anti-inflammatoires s'est généralisée en automédication.

>> Lire aussi : Ibuprofène ou paracétamol retirés des étals des pharmacies en France

Quelle réaction en Suisse?

Le service du médecin cantonal vaudois a réagi et envoyé samedi aux pharmaciens du canton la recommandation de favoriser le paracétamol plutôt que les anti-inflammatoires, a appris la RTS. Le médecin cantonal genevois renvoie à l'OFSP qui ne s'est pas encore positionné sur le sujet selon un porte-parole.

Pourquoi cette réaction si rapide? Le CHUV planchait déjà sur la question car des médecins étaient au courant de quatre cas recensés au CHU de Toulouse - et non au CHUV comme une rumeur le laisse penser (voir aussi ci-dessous). Bien que cette observation ne soit pas statistiquement significative, le principe de précaution est appliqué. Dans ce contexte d'incertitude, les autorités sanitaires vaudoises ont donc estimé qu'il fallait privilégier le paracétamol dont l'efficacité n'est plus à démontrer contre la fièvre et les douleurs.

Virginie Matter/ebz

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Gare aux messages vocaux anxiogènes sur les réseaux sociaux!

Gare aux messages anxiogènes qui circulent sur les réseaux sociaux. Les HUG et le CHUV se distancient de 2 messages vocaux largement diffusés depuis hier sur Whatsapp, qui nuisent à la bonne communication des hôpitaux.

C'est d'abord celui-ci, qui annonce que le fléau va s'abattre sur Genève, et qui exhorte les ados à rester chez eux: "Un minimum de contacts sociaux ces prochains jours, c'est vraiment un appel qu'on fait à la population depuis les HUG", demande une voix féminine. Or pas du tout, l'appel n'émane pas des HUG, comme le confirme dimanche matin leur porte-parole à la RTS.

Autre exemple, cette femme, qui dit avoir reçu un coup de fil d'une médecin du CHUV pour lui décrire une situation quasi apocalyptique: "Les gens sont déjà dans les couloirs, on ne se rend pas compte", souligne-t-elle.

Si, on se rend compte que c'est tout faux, répond la directrice de la communication du CHUV Béatrice Schaad. "Quand j'ai entendu ce message, j'ai été heurtée par deux choses: cette personne cite une médecin du CHUV, et la première chose qu'elle dit est faux: les couloirs ne sont pas pleins de gens." Et Béatrice Schaad de renchérir: "Je vis quasiment au CHUV ces jours. C'est très calme et les équipes sont là. Il n'y a pas de patients dans les couloirs, il n'y a pas de panique dans l'hôpital."

La directrice de la communication du CHUV déplore l'angoisse que provoquent de tels messages: "Nous avons eu des avalanches de questions suite à la diffusion de ces messages. Il y a une vraie responsabilité à ne pas ajouter de l'inquiétude à l'inquiétude." Et elle appelle à ne pas diffuser des messages non sourcés, de gens qui ne donnent ni nom, ni prénom, ni fonction.

Si ces messages émanent bel et bien d'employés des hôpitaux, sont-ils vraiment en droit de s'exprimer sur les réseaux sociaux?A priori oui, estime Béatrice Schaad, qui en appelle à la responsabilité de chacun. S'exprimer, d'accord, mais pas pour diffuser de fausses informations.
>> Ecouter le sujet du 12h30:

Alain Arnaud/ebz