Dans la salle quasi vide du centre de transfusion sanguine des Hôpitaux universitaire genevois (HUG), Nataniel Hofer est le seul à serrer une boule rouge dans le creux de sa main. "Ma copine est médecin. Elle m'a dit que dans ce genre de crise, les gens venaient moins facilement. C'est un acte citoyen. Est-ce qu'aujourd'hui ça l'est plus que d'habitude? Je ne sais pas."
En pleine crise sanitaire, les donneurs ne se pressent pas pour donner leur sang, là où à quelques pas, des malades affectés par le coronavirus risquent de croiser leur chemin.
Avant le début de l'épidémie, une moyenne de 50 dons par jour étaient effectués aux HUG. La semaine dernière, il n’en restait qu'une petite vingtaine. Entre 13 et 23 selon les jours, pour être précis. Sans compter qu'environ 80% des collectes extérieures ont été annulées. Elles remplissaient un tiers de la demande du canton.
Les oubliés du coronavirus
Le coronavirus est sur toutes les lèvres, mais les hôpitaux sont remplis d'autres patients, qui nécessitent des transfusions régulières. "Ce sont les oubliés du moment. Les patients qui ne souffrent pas du coronavirus. Il faut penser sérieusement que les accouchements et les accidents auront toujours lieu, malgré l'épidémie du coronavirus. Il faut rester bien vigilant", alerte Sophie Waldvogel, médecin responsable du centre de transfusion sanguine aux HUG.
A l'heure actuelle, les réserves sont encore suffisantes. La Suisse dispose encore d'un stock de 7200 concentrés érythrocytaires (globules rouges), ce qui correspond au besoin d'environ deux mois. Mais la responsable s’attend à de grandes difficultés dans les semaines à venir, si la chaîne d'approvisionnement est rompue.
L'inquiétude est palpable dans tout le pays. L'organisation Transfusion interrégionale CRS, qui récolte les dons dans les cantons de Vaud, Berne et Valais, voit elle aussi la fréquentation des donneurs diminuer. La baisse était de 10% la semaine dernière et de 30% cette semaine, selon Joëlle Vuignier, la directrice générale de l'organisation. Cette dernière réalise généralement 100'000 prélèvements par année, soit un tiers des besoins du pays.
Pour combler le manque et espacer au maximum les donneurs, de nombreux points de collecte ont élargi leurs heures d'ouverture ainsi que les jours de prélèvement. "Cette semaine, nous avions prévu des collectes dans les écoles", relate Joëlle Vuignier. Mais comme les cours sont annulés, elles ont dû se rétracter. La collecte à l'EPFL cette semaine a tout de même été maintenue, sur deux jours. Mardi, un total de 113 donneurs étaient présents. Un nombre en baisse de 55% par rapport aux 250 prélèvements réalisés à la même date l'an passé.
Pas de transmission par le sang
Lundi dernier, le Conseil fédéral a décrété la fermeture de tous les lieux publics. Mais le don du sang est "une bonne occasion de sortir. C’est un acte citoyen très précieux, aujourd'hui plus que jamais", insiste Sophie Waldvogel, à Genève.
Pour rassurer les donneurs, la responsable précise que le lieu où l'on donne son sang est séparé du centre des urgences de l'hôpital: "Ici, il n'y a logiquement que des donneurs en bonne santé. Nous sommes formés pour prendre en charge correctement tous les risques de contagion".
Et de préciser que le risque de transmission du coronavirus par le sang est quasi nul. La transmission se fait essentiellement par voie respiratoire.
Prendre un rendez-vous
Joëlle Vuignier précise aussi que le personnel effectue un triage strict à l'entrée et respecte les recommandations de l'OFSP, en instaurant une distance nécessaire entre chaque donneur.
La directrice de Transfusion Interrégionale CRS appelle donc à sortir en respectant les consignes. Mais il est important de ne pas se présenter spontanément. "Il faut contacter son service de transfusion ou prendre rendez-vous en ligne afin d'organiser un espacement suffisant entre les donneurs", précise la Vaudoise.
Feriel Mestiri et Delphine Gianora
Deux collectes prévues en mars dans le canton de Genève
Meyrin – salle Antoine verchere – route de Meyrin: 25.3
Petit lancy: 31.3