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Asile/étrangers: le "oui" l'emporte largement

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La gauche et les Eglises n'ont pas réussi à convaincre les Suisses
Les Suisses ont accepté dimanche à près de 68% les révisions des lois sur l'asile et les étrangers. Tous les cantons ont approuvé ces deux textes défendus par le Conseil fédéral et la droite, les romands un peu moins fortement.

L'initiative sur COSA a en revanche été rejetée par le peuple et
les cantons (voir résultats et réactions ).



Quatre ans après le rejet d'un cheveu de l'initiative de l'UDC
«contre les abus dans le droit d'asile», un petit peu moins de 1,6
million de Suisses ont approuvé la nouvelle loi, largement inspirée
par ce parti et soutenue par la majorité du PDC et du PRD.



Le camp bourgeois estimait que ce texte réussit à concilier
répression et tradition humanitaire. Près de 761 000 citoyens ont
suivi la gauche, les Eglises et diverses organisations, qui
critiquaient cette analyse.



Les opposants s'inquiétaient notamment du tour de vis donné en
matière de papiers d'identité, de la suppression de l'aide sociale
pour tous les requérants déboutés, ainsi que du doublement de la
durée des mesures de contrainte en vue du renvoi.

Jusqu'à 80 % de «oui»

La Suisse centrale et orientale a été la plus fidèle aux
recommandations officielles. La palme du «oui» revient à Schwyz,
avec 80,1 % d'avis favorables. Suivent, dans un mouchoir de poche,
Nidwald, Appenzell Rhodes-intérieures, Glaris et Thurgovie (entre
79,6 % et 78 %).



Tous les autres cantons alémaniques ont accepté le durcissement à
plus de 70 %, à l'exception des plus urbains. Un petit peu plus de
59 % des électeurs de Bâle-Ville et 67,4 % des Zurichois l'ont
soutenu. Les Tessinois sont légèrement en dessous de la moyenne
nationale, avec 66,4 %.

Romands plus modérés

Les référendaires ne sont pas non plus parvenus à imposer leurs
vues en Suisse romande, pourtant réputée plus ouverte lorsqu'il en
va de la politique des réfugiés.



Le «oui» des Romands a toutefois été plus réservé dans l'ensemble
que celui de leurs compatriotes d'outre-Sarine.



Les cantons bilingues arrivent en tête: le taux d'approbation a
atteint 68,3 % à Berne, 64,8 % en Valais et 63,2 % à Fribourg. Les
Vaudois se sont prononcés pour à 57,2 %, les Neuchâtelois à 52,9 %
et les Jurassiens à 52,8 %. Genève ferme la marche avec 51,3 %.

Loi sur les étrangers : mêmes tendances

La nouvelle loi sur les étrangers, qui durcit aussi les mesures
de contrainte, a été acceptée dimanche par 68 % des votants et tous
les cantons. Comme pour l'asile, le oui est moins net en Suisse
romande.



La loi, qui ancre le principe de la priorité des ressortissants
européens en matière d'immigration, a obtenu le soutien de près de
1,602 millions de votants. En tout, 755' 231 citoyens et citoyennes
ont rejeté le projet défendu par le Conseil fédéral, la droite et
les milieux économiques.

Gauche aussi en échec

Bien qu'attendu, ce résultat sans ambiguïté constitue une gifle
pour le camp soutenant le référendum, composé de la gauche, des
oeuvres d'entraide, des Eglises et de quelques bourgeois.



Leurs arguments contre le doublement, à deux ans, de la durée de
détention des étrangers indésirables, ou le spectre d'une
progression du nombre de travailleurs clandestins dans les métiers
mal payés n'ont pas fait mouche.



ats/nr

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Les vainqueurs et les vaincus réagissent

Christoph Blocher a refusé de faire du plébiscite en faveur des lois sur l'asile et les étrangers un succès personnel. "Je ne commente pas les résultats. Ce n'est pas ma victoire, mais une décision très importante" qui permettra à la Suisse de mener une politique migratoire "responsable", a relevé le conseiller fédéral.

Ueli Maurer s'est déclaré satisfait dimanche du net oui aux lois sur l'asile et sur les étrangers. Cela montre que les problèmes liés à la migration ont été pris au sérieux, a affirmé le président de l'UDC.

Le Parti radical est content que le peuple ait suivi ses recommandations, a indiqué son président Fulvio Pelli. La Suisse dispose à présent d'une politique migratoire qui vise la qualification et l'intégration, et prépare le futur du pays.

Christophe Darbellay, le président du PDC, estime que la loi sur l'asile ne donne pas un blanc-seing pour fermer toutes les portes, mais permet de lutter contre les abus. Il demande que les autorités fédérales s'occupent encore plus de la politique de l'intégration des migrants.

Parti socialiste : le oui aux lois sur l'asile et les étrangers est une défaite pour le PS, a reconnu Ursula Wyss, cheffe du groupe parlementaire. Elle attend maintenant des partis bourgeois et du Conseil fédéral qu'ils respectent leurs promesses. Berne a notamment promis que la loi sur l'asile serait appliquée "humainement".

Ruth Dreifuss s'est déclarée "déçue mais pas découragée". Pour l'ex-conseillère fédérale et la présidente du comité "2xnon", il s'agit maintenant de contrôler que les mesures annoncées soient respectées au niveau fédéral et les loi appliquées raisonnablement.

Eglises : la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), la Conférence des évêques suisses (CES) et la Fédération des communautés israélites (FSCI) regrettent aussi l'acceptation des 2 lois. Elles continueront toutefois à s'engager pour le respect de la dignité humaine dans les affaires relatives aux migrants.

Le HCR pour les réfugiés s'est d'ailleurs déclaré particulièrement préoccupé de l'obligation faite aux demandeurs d'asile de présenter un passeport valable.

Amnesty International regrette que «la Suisse se dote des lois les plus restrictives en Europe alors que les demandes d'asile n'ont jamais été aussi peu nombreuses depuis vingt ans».