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Médecines douces: initiative rejetée

Médecines complémentaires pas soutenues par le National
Médecines complémentaires pas soutenues par le National
Les traitements homéopathiques ou la phytothérapie ne doivent pas grever l'assurance maladie de base. Par 93 voix contre 78, le Conseil national a prôné le rejet de l'initiative "Oui aux médecines complémentaires".

La crainte du verdict populaire s'est fait sentir. Le camp
rose-vert, flanqué de quelques bourgeois convaincus, a soutenu
pleinement le texte mercredi à la Chambre du peuple.

L'initiative demande que les médecines complémentaires soient
intégrées dans le catalogue des prestations remboursées
obligatoirement par les caisses. Elle se veut une réponse à la
décision de Pascal Couchepin d'exclure l'homéopathie, la thérapie
neurale, la phytothérapie, la médecine anthroposophique et la
médecine traditionnelle chinoise de l'assurance de base en juillet
2005.

Bel essor

La plupart des orateurs ont tenu à dire tout le bien qu'ils
pensent des médecines douces. Les traitements alternatifs sont en
plein essor en Suisse, a rappelé Yves Guisan (PRD/VD) au nom de la
commission. Ils sont pratiqués par quelque 3000 médecins et 15'000
à 20'000 thérapeutes et bénéficient d'un fort soutien dans la
population.



La gauche a dénoncé ce démantèlement de l'assurance maladie
sociale au profit d'une assurance lucrative. Les traitements
alternatifs sont un complément précieux à la médecine allopathique
classique, notamment pour les malades chroniques, les enfants et
les femmes enceintes, a relevé Liliane Maury Pasquier (PS/GE). Pour
Luc Recordon (Verts/VD), il y va aussi du principe
d'économicité.

0,134% des dépenses

Les cinq médecines exclues sans véritable raison représentaient
0,134% des dépenses de l'assurance de base, soit quelque 25
millions par an. Même le patron de l'ASIN Pirmin Schwander (UDC/SZ)
s'est lancé dans un plaidoyer en faveur de la médecine
complémentaire, prenant le contrepied de la plupart de ses
collègues de parti.



Personne ne met en cause le droit des patients d'y avoir recours.
Mais les adeptes n'ont qu'à contracter une assurance complémentaire
pour se faire rembourser leurs traitements, a rétorqué Jean Henri
Dunant (UDC/BS).

Compromis bourgeois

Entre les deux extrêmes, une partie du camp bourgeois a tenté de
jouer la carte du compromis. Au moins 30% de la population ne
dispose pas d'une assurance complémentaire et ne peut pas se la
permettre, a signalé Reto Wehrli (PDC/SZ). Et de plaider pour la
reprise des cinq méthodes exclues dans l'assurance de base.



Néanmoins, la prise en charge des médecines complémentaires ne
doit pas être ancrée dans la constitution fédérale, mais
réglementée dans la loi, a précisé Hansjörg Hassler (UDC/GR).



ats/boi

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Interprétations divergentes

L'interprétation de l'initiative a posé aussi problème aux députés.

Le texte stipule que "la Confédération et les cantons pourvoient, dans les limites de leurs compétences respectives, à la prise en compte complète des médecines complémentaires".

Pour les opposants, cela veut dire que les quelque 200 méthodes alternatives pratiquées en Suisse devraient être remboursées.

Pascal Couchepin a abondé en ce sens pour contrer l'initiative. La question n'est pas de savoir si l'on est pour ou contre les médecines complémentaires, mais bien si elles doivent être prises en charge par l'assurance de base, a dit le conseiller fédéral, balayant du revers de la main les insinuations concernant ses accointances avec un groupe d'assurance.

Les partisans de l'initiative ont fait remarquer que le terme "prise en compte complète" signifie qu'il faut réglementer globalement la médecine alternative, recherche, formation et médicaments inclus.

Selon eux, il n'a jamais été question de rembourser tous les types de médecine douce, seuls les traitements dispensés par des médecins seraient remboursés.