La bonne vieille méthode de l'affichette placardée dans l'ascenseur de l'immeuble existe toujours: des voisins l'utilisent pour proposer leur aide, faire les courses ou promener le chien. Mais cette entraide face à la propagation du Covid-19 passe aussi par des applications à l'échelle nationale, comme celle de la Croix-Rouge, baptisée Five Up, ou Hilf jetzt! qui permet aussi de créer des groupes.
Il y a également les groupes Facebook ou WhatsApp, où on s'organise au niveau d'un village ou d'un quartier. L'idée est de mettre en contact direct ceux qui veulent donner un coup de main et ceux qui en ont besoin.
Atteindre même les plus vulnérables
C'est le cas, par exemple, de l'application Vevey Solidaire, qui relie déjà plus de 200 personnes sur la Riviera vaudoise. On la doit au responsable d'une agence de communication, Julien Rilliet. Son objectif: toucher tout le monde, même les plus vulnérables.
"L'app montre sur une carte de petits points qui représentent des personnes qui sont prêtes à aider", explique-t-il mercredi dans La Matinale. "Et quand on clique sur ces petits points, apparaît un numéro de téléphone avec les coordonnées. L'idée, c'est que la personne qui n'a pas forcément accès à ces technologies ait un proche - un enfant, un petit-fils, etc… - qui puisse très facilement transmettre ce numéro de téléphone aux grands-parents ou à l'aîné dans le besoin."
Aussi des nourritures spirituelles
Il s'agit de personnes qui ont besoin de denrées alimentaires ou de garde d'enfants notamment, mais aussi parfois de personnes qui recherchent des nourritures plus spirituelles.
"J'ai été contacté par la fille d'une dame âgée à Vevey qui a épuisé toute sa bibliothèque de livres et j'ai été lui apporter une série de livres pour qu'elle puisse s'occuper pendant la quarantaine", raconte Julien Rilliet.
Une bouffée d'air frais à la maison
Et les personnes vulnérables face au nouveau coronavirus semblent apprécier ce lien qui passe par les réseaux sociaux. Agé de 45 ans, Sébastien Besse vit seul à Ecublens, dans le canton de Vaud. Et en raison de sa santé fragile, il est cloîtré chez lui. Il s'est donc inscrit à un groupe d'entraide sur Facebook. Et pour lui, les réseaux sociaux représentent une bouffée d'air frais:
"Cela permet de rapprocher les gens, d'être un peu plus solidaires avec les personnes qu'on connaît ou qu'on connaît moins voire pas du tout", explique-t-il. "C'est dans ces moments-là qu'on se 'réjouit' de ce genre de procédé. Heureusement qu'on n'est pas dans les années 80. Il n'y avait pas Facebook, tous ces réseaux sociaux. Donc c'est assez appréciable, surtout moi qui suis à risque et qui ai besoin d'aide."
Une "médaille à deux faces"
Reste que les réseaux sociaux sont aussi beaucoup critiqués depuis le début de l'épidémie. Ils sont accusés notamment de propager de fausses informations qui provoquent la panique. Mais il y a aussi des vidéos plus joyeuses qui circulent, où l'on voit notamment des Italiens solidaires chantant à tue-tête sur leurs balcons.
Spécialiste en communication digitale, Yan Luong parle de ces réseaux comme d'une médaille à deux faces: "D'un côté on a des aspects négatifs, anxiogènes, les fake news, le fait qu'on va se sentir submergés d'informations à propos de la crise et que les messages officiels ont du mal à atteindre la population", relève-t-il. "Et de l'autre, on a des aspects très positifs. Le premier, ce sont les citoyens qui s'auto-organisent. Le deuxième aspect est celui du commercial qui passe au second plan, avec par exemple des influenceurs qui se mettent à disposition gratuitement pour relayer les messages de prévention des autorités".
On l'avait déjà vu lors du Printemps arabe ou lors du tremblement de terre au Tibet en 2016, les réseaux sociaux jouent désormais un rôle citoyen pour aider les gens à s'organiser et à mettre sur pied des actions concrètes qui répondent à leurs besoins.
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Martine Clerc/oang