Les experts en recherche sociale de la société ecce ont
questionné 2975 élèves âgés de 16 à 20 ans dans le Nord-Ouest de la
Suisse en septembre 2005. Ce sondage révèle que 3,5% des jeunes
interrogés se sont affrontés au moins cinq fois au cours des cinq
dernières années avec des bandes d'extrême droite.
Plus de risques en ville
Les agressions verbales ou physiques d'extrémistes de droite
contre des jeunes se déroulent surtout dans les villes de plus de
10'000 habitants. Plus de 80% des agressions ont lieu le week-end
après 22h00 près des transports publics (gares, stations de bus et
de trams), souligne l'étude.
Trois groupes sont particulièrement victimes de la violence
d'extrême droite, les jeunes «hip-hop», les «fumeurs de joints» et
les «alternatifs de gauche». La scène «hip-hop» est constituée à
près de 75% par des jeunes migrants ou issus de
l'immigration.
L'étude souligne que les jeunes étrangers ne sont pas beaucoup
plus victimes de violences d'extrême droite (9,3%) ou d'autres
formes de violences (31,5%) que les jeunes Suisses (10,1% et
34,7%). Les doubles nationaux par contre sont plus souvent victimes
des agressions d'extrême droite (15,8%).
Victimes pas toujours passives
Les victimes ne sont pas toujours passives. Dans 44% des cas, la
personne agressée se défend en ayant recours à la violence et dans
8,9% des cas elle attaque la première pour répondre à des
provocations ou des insultes.
Dans 57,8% des cas, les victimes ne connaissent pas leurs
agresseurs et dans 24% elles ne les connaissent que de vue. L'étude
souligne aussi que certains groupes des victimes, notamment les
«fumeurs de joints», sont aussi souvent des agresseurs et qu'ils
tolèrent largement le recours à la violence. Quant aux auteurs de
violences, ils forment généralement des bandes de cinq personnes et
plus (dans plus de 58% des cas).
ats/cab
Le potentiel de l'extrême droite
L'extrême droite n'a rien d'un mouvement marginal, a déclaré Martin Schmid, un des responsable du projet intitulé «les jeunes dans l'ombre de la violence de l'extrême droite».
Son potentiel en Suisse est estimé entre 6 et 7% de la population.
Les auteurs de l'étude estiment que 9,6% des jeunes peuvent être qualifiés de «patriotes nationalistes violents» dont les idées sont proches de celles de l'extrême droite.
L'étude a été réalisée dans le cadre du programme national de recherche «Extrémisme de droite - Causes et contre-mesures» (PNR40+).
L'objectif est de mieux comprendre l'origine, les formes d'expression, les caractéristiques de propagation et les conséquences d'attitudes et d'activités d'extrême droite en Suisse. L'étude se poursuit jusqu'en décembre.