Ces «pools pour les hauts risques» soigneraient les personnes
atteintes de maladies comme le cancer, le sida ou le diabète qui
nécessitent un traitement de haute qualité très coûteux, explique
Pascal Couchepin dans une interview publiée jeudi dans «L'Hebdo».
Car la qualité peut générer des économies, affirme-t-il.
«Un médecin qui travaille tout seul n'est pas forcément au courant
des dernières innovations: il risque de multiplier les précautions,
et donc les examens inutiles, car il manque de sûreté dans le
traitement», note le conseiller fédéral.
La gestion de ces maladies devrait donc se faire sous la
surveillance d'un centre de compétences qui suit de près le
traitement par les médecins habituels et qui provoque des échanges
d'expériences. Grâce à cette synergie, on parviendrait à une
meilleure qualité de soins, et par là même à des économies, selon
le Valaisan.
Cercles de qualité
Les cercles de qualité sont également une «excellente
innovation», ajoute Pascal Couchepin. Existant déjà dans le canton
de Fribourg, ces cercles réunissent médecins et pharmaciens qui
rediscutent de l'usage des médicaments. «Je réfléchis à la
possibilité de les encourager sans les rendre obligatoires»,
déclare le chef du Département fédéral de l'intérieur.
Enfin, Pascal Couchepin prône la création d'une épargne
individuelle défiscalisée qui servirait à financer ses propres
soins durant la vieillesse. Cette idée de pilier dit «3c», qui
pourrait par exemple être alimenté entre 58 et 80 ans et plafonné à
quelque 200'000 francs, a été reprise la semaine dernière par le
Conseil des Etats qui a chargé le gouvernement de
l'approfondir.
Liberté de contracter
Le ministre de la santé a en revanche renoncé à limiter le libre
choix du médecin, c'est-à-dire de supprimer la liberté de
contracter. «Cette mesure entraînerait davantage de concurrence. Je
constate pourtant qu'elle suscite un barrage psychologique non
seulement dans le corps médical, mais aussi dans l'opinion publique
qui en a peur.»
«Je suis convaincu que ses détracteurs ont tort, mais je prends
acte de la réalité politique. Il n'est pas possible de l'introduire
immédiatement», concède le radical.
Santésuisse persiste et signe
L'organisation faîtière des assureurs ne l'entend pas de cette
oreille: il faut continuer de débattre de l'obligation de
contracter même si c'est désagréable, selon le porte-parole de
santésuisse Peter Marbet. Le plafonnement à 3 % est un très bon
objectif mais P.Marbet doute que les mesures préconisées par le
ministre de la santé suffisent à l'atteindre.
agences/stp
Réactions mitigées dans les cantons
L'accueil des nouvelles primes est contrasté en Suisse romande. Les cantons qui ont une hausse modérée s'en réjouissent mais le soupçon d'une manoeuvre pour couler l'initiative de la caisse unique règne à Genève et dans le Jura.
Le ministre jurassien de la santé Claude Hêche estime que les cantons sont quantité négligeable pour l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) par rapport aux assureurs.
«La diminution demandée depuis des années coïncide avec le débat sur la caisse unique», fait-il remarquer.
Ce coup de gueule fait écho à celui du chef de la santé valaisanne Thomas Burgener, qui exige des explications de l'OFSP et l'accès aux données et aux chiffres des caisses maladie.
La hausse infligée au canton alpin est «excessive et injustifiée», a-t-il asséné. Entre 2000 et 2005, les primes valaisannes ont cru de quelque 39 % alors que les coûts n'ont progressé que de 24,2 %.
Plus du tiers des assureurs maladie détiennent des réserves «bien supérieures» au minimum légal reportées sur les assureurs, s'insurge Thomas Burgener.
Le canton de Zurich s'en prend lui aussi à l'OFSP qui n'a pas veillé à ce que les assureurs diminuent suffisamment leurs réserves.
Dans le canton de Genève, la légère baisse prévue des primes pour l'année prochaine soulagera les familles, estime le directeur de la santé Jean-Marc Guinchard.
Il souligne l'efficacité des démarches communes de Vaud et de Genève pour faire diminuer les réserves des caisses mais incrimine lui aussi une manoeuvre pour torpiller la caisse unique.
Vaud relève la maîtrise de ses frais hospitaliers pour expliquer une faible augmentation.
Le canton de Berne, dont les primes sont nettement plus hautes que la moyenne suisse,a dû,lui, renflouer ses réserves.