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Nyon: un chauffard condamné pour meurtre

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La Cour n'a pas retenu l'homicide par négligence
Le chauffard responsable de la mort de son neveu lors d'un accident en décembre 2004 a écopé jeudi de quatre ans de réclusion. Le Tribunal correctionnel de Nyon l'a reconnu coupable de meurtre par dol éventuel.

Agé de 33 ans lors du drame, le Philippin a perdu la maîtrise de
son bolide «gonflé» sur la route menant d'Eysins à Crans-près
Céligny. S'il a été blessé ainsi que son fils, son propre neveu est
décédé sur le coup.

Procureur satisfait

Dans son réquisitoire, le procureur général du canton de Vaud,
Eric Cottier, avait demandé six ans de réclusion. A l'issue du
procès, il s'est dit «tout à fait satisfait» que la Cour ait retenu
le meurtre, mais a vu «une contradiction» dans le niveau de la
peine.



La Cour reconnaît qu'il y a eu «intention» de tuer mais réduit la
sanction minimale dans un tel cas - 5 ans de prison - à 4 ans. Elle
se justifie en insistant sur le fait que la victime était un membre
de la famille du condamné, a relevé, dubitatif, l'avocat
général.



«Mais le message essentiel est passé» vis-à-vis des fous de la
route, a poursuivi Eric Cottier qui souhaitait faire de ce cas un
exemple. Il avait souligné la veille à quel point il ne voyait
aucune circonstance atténuante dans le comportement du
chauffard.

Passion idiote

Dans son jugement, la Cour a aussi utilisé des termes très
sévères à l'encontre du Philippin à «la culpabilité plus que
lourde». «Immature», «d'une intelligence très moyenne», le
chauffard a eu «une attitude criminelle» à cause de «sa passion
idiote» pour les voitures et la vitesse.



Pour le président Pierre Bruttin, «rien» ne peut justifier d'avoir
roulé à près de 130 km/h au lieu de 80 km/h sur cette petite route,
de nuit avec deux enfants pas attachés comme passagers. La charge
de meurtre par dol éventuel doit être retenue.

Désir pathologique

Le chauffard s'est bel et bien accommodé des conséquences
possibles de ses actes, même s'il ne les a pas souhaitées. Avec
«son désir quasi pathologique de rouler sport», ce conducteur
aurait pu tuer n'importe qu'elle autre personne qui se serait
trouvée sur la route à ce moment.



Il est en conséquence «indécent» de laisser entendre que cette
tragédie est due «à pas de chance», a souligné Pierre Bruttin. «La
fatalité» n'a pas sa place alors qu'il s'agit d'un comportement
«aberrant et irresponsable».

Bons antécédents

Le président de la Cour a relevé malgré tout les «bons
antécédents» du Philippin, hormis un excès de vitesse. Il l'a
condamné également à payer 50'000 francs au père de la victime pour
tort moral ainsi que les frais de la cause, soit quelque 20'000
francs. Ni le condamné ni son avocat n'ont voulu s'exprimer à
l'issue du procès.



Le dernier cas d'accident de la route sanctionné dans le canton de
Vaud pour meurtre avec dol éventuel remonte à 1996, a rappelé le
Ministère public.



ats/het

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Des précédents en 2006

L'année 2006 est marquée par un durcissement des peines dans le traitement réservé aux chauffards.

En juin, le Tribunal de Moutier (BE) avait infligé six ans à un homme qui avait causé un accident mortel sous l'emprise de l'alcool et de la drogue.

Le 9 mai, un jeune homme a échappé de peu à la condamnation pour meurtre par dol éventuel au Val-de-Travers. Roulant à moins 130km/h sur la route de Buttes à Fleurier, il avait caussé la mort de deux passagers.

En avril, un chauffard zurichois a été condamné à 5 ans et 3 mois de prison pour meurtre par dol éventuel par le Tribunal Fédéral.

RoadCross applaudit

La fondation active dans la prévention routière RoadCross salue une «tendance à une plus grande sévérité à l'égard des criminels de la route».

«La justice romande rattrape son retard sur la Suisse allemande», s'est réjoui Marc Bertholet, coordinateur romand de RoadCross, interrogé par l'ATS.

Ces condamnations constituent un «signal clair à l'intention de la minorité de conducteurs qui mettent sciemment la vie des autres en danger». Désormais, ceux-ci doivent savoir qu'ils risquent jusqu'à 20 ans de prison.

RoadCross réclame en outre un durcissement des mesures administratives pour les grands excès de vitesse. La fondation suggère la confiscation des véhicules, des interdictions de conduire plus longues, et l'impossibilité de conduire des voitures puissantes pour les récidivistes. Le chauffard de Nyon avait subi un retrait de permis de deux mois.

«Le temps de la clémence est terminé», a conclu M.Bertholet.