Rodéo routier: chauffard devant la justice
Il s'agit du premier procès de ce
genre à Genève. En général, ces affaires sont renvoyées devant le
Tribunal de police. Le procureur général Daniel Zappelli a
toutefois estimé que dans ce cas, le prévenu avait agi en prenant
le risque qu'il se produise un accident mortel.
Trois jeunes gens ont perdu la vie dans la nuit du 30 au 31
octobre 2004 à la sortie du village de Vésenaz. L'accusé, au volant
de la voiture de son père, s'est engagé dans une course-poursuite
avec un ami. Ils se sont défiés à des vitesses folles, avec des
pointes à 150 km/h sur des tronçons souvent limités à 50 km/h.
Perte de maîtrise
Les trois passagers qui avaient embarqué dans la voiture du
prévenu ont bien tenté de le ramener à la raison, en vain. A un
moment de la course-poursuite, l'autre conducteur s'est rabattu en
apercevant un îlot au milieu de la chaussée. Il a alors perdu la
maîtrise de son véhicule, qui a fini sa course contre un arbre. Le
jeune homme est mort sur le coup, comme les deux autres passagers
de la voiture.
Pour l'accusation, le prévenu a accepté une issue mortelle et s'en
est accommodée. Il était conscient qu'avec ce genre de comportement
sur la route, seuls la chance ou le hasard aurait permis d'éviter
une fin fatale.
Le réquisitoire et les plaidoiries auront lieu mardi. Le verdict
est en principe attendu en soirée, mardi également.
ats/cab
Attitude choquante
Venus témoigner, deux policiers de la brigade du trafic ont déclaré avoir été quelque peu choqués par le comportement de l'accusé.
Immédiatement après le drame, le jeune homme semblait plus préoccupé par les conséquences qu'aurait pour lui l'accident que par le sort de ses camarades.
L'accusé et le conducteur décédés étaient connus de la police pour aimer la vitesse. «Pour eux, la route était un terrain de jeu», a relevé un gendarme.
Au moment des faits, le prévenu avait son permis depuis 9 mois. Il avait déjà été impliqué dans deux accidents, dont un s'était produit six jours avant le drame.
Le dol éventuel
On parle de dol éventuel lorsqu'un prévenu a agi en ayant conscience, même s'il ne le souhaitait pas, que son acte pouvait porter atteinte à la loi ou à une personne.