Le dossier passe au Conseil des Etats, où les sénateurs
pourraient se montrer plus sensibles au projet. Les radicaux et les
démocrates chrétiens, qui ont soutenu l'«étape de développement
2008/2011» au National, sont en effet majoritaires dans la Chambre
des cantons.
Samuel Schmid désavoué
Cette réforme n'était pas du goût de l'UDC, tenante d'une
défense classique du territoire. D'entrée de jeu, elle a essayé de
torpiller le projet défendue par son conseiller fédéral Samuel
Schmid. Armée XXI à peine lancée, le Conseil fédéral veut déjà tout
réorganiser, a critiqué Ulrich Schlüer (UDC/ZH). Selon lui, de
nombreux problèmes, dont entre autres le manque d'officiers
instructeurs, doivent d'abord être résolus.
L'armée n'est pas le moyen approprié pour lutter contre le
terrorisme, a ajouté le président de l'Action pour une Suisse
indépendante et neutre (ASIN) Pirmin Schwander (UDC/SZ). Faute de
soutien hors de ses rangs, les propositions de non-entrée en
matière et de renvoi au gouvernement issues de l'UDC ont été
rejetées respectivement par 153 voix contre 11 et par 138 voix
contre 45.
Kurt Wasserfallen (PRD/BE) n'a pas eu plus de succès en réclamant
un nouveau projet soumis au référendum facultatif pour que le
peuple puisse au final se prononcer.
Gauche pas entendue
Durant le débat, la gauche n'a pas non plus réussi à séduire
hors de son camp. Si elle appuie l'idée d'une diminution des moyens
attribués à la défense traditionnelle, elle critique en revanche
l'engagement de militaires pour des missions de sécurité
intérieure. Ses propositions visant à corriger le tir ont toutes
été repoussées.
Le National a refusé par 108 voix contre 61 de réduire les
effectifs de l'armée de 220'000 à 140'000 militaires. Idem de
l'amendement qui aurait limité les possibilités pour l'armée de
servir d'appui aux autorités civiles. Côté finances aussi, le camp
rose-vert a fait chou blanc. Ses amendements visant à réduire,
voire à supprimer le plafond de dépenses pour l'armée devisé à
12,285 milliards pour les années 2009 à 2011 ont été rejetés à deux
contre un.
Vain plaidoyer de Samuel Schmid
Le coup de grâce a été porté lors du vote d'ensemble lorsque les
mécontentements du camp rose-vert et de l'UDC se sont additionnés.
Samuel Schmid a sévèrement critiqué les positions «idéologiques»
des opposants à son projet. L'important est de protéger la
population, a-t-il martelé.
Beaucoup de crises, sans être des guerres, représentent une
menace. Si la Suisse est frappée par une vague violente
d'antisémitisme ou un attentat, on se tournera vers l'armée pour
assurer la sécurité. Pour cela, il faudra une infanterie bien
formée, a plaidé le conseiller fédéral en vain.
ats/cab
La réforme d'Armée XXI en bref
Avec la nouvelle orientation de l'armée, les formations mécanisées et lourdes seront réduites de moitié et céderont le pas à l'infanterie.
La priorité ira aux engagements de sécurité sectorielle et à l'appui aux autorités civiles au détriment de la défense classique du territoire.
Les effectifs - 220'000 militaires, dont 80'000 réservistes et 20'000 recrues - demeureront inchangés mais seront répartis différemment.
Les effectifs pour les missions de soutien de la paix à l'étranger doubleraient à 500 militaires.
Une brigade de combat formerait le noyau dur de l'armée qui se concentrerait sur la défense classique.
Quant aux nouvelles troupes d'infanterie, elles devraient protéger les axes de transit ainsi que soutenir les autorités civiles pour la surveillance de bâtiments et la protection de conférences.