La surprise de ce scrutin est la première place du candidat du
Parti libéral-radical (PLR), Michel Probst. Cet enseignant de 46
ans a recueilli 12 469 suffrages. Il a devancé de quelque 500 voix
les deux ministres sortants, le chrétien social-indépendant (PCSI)
Laurent Schaffter (11 998 suffrages) et la socialiste Elisabeth
Baume-Schneider (11 876).
Les deux candidats PDC Charles Juillard et Philippe Receveur ont
terminé respectivement 4e et 5e avec 11 573 suffrages et 10 854
suffrages. Le popiste Pierluigi Fedele n'a pas réussi son pari et
se classe 6e avec 7483 suffrages. Le 7e candidat, l'indépendant
Alain Gebel, ferme la marche avec 1091 voix.
Stratégie payante
C'est sous les acclamations que le vainqueur du jour a fait son
entrée à l'Hôtel du parlement en fin d'après-midi. «Mon score est
inespéré», a lancé Michel Probst. Il compte s'appuyer sur ce succès
pour faire passer l'idée d'un département regroupant le
développement économique et la culture. Ce dernier service est
intégré au département de l'éducation d'Elisabeth
Baume-Schneider.
Le candidat libéral-radical n'a jamais vraiment été menacé en tête
du peloton. Il a réussi à se profiler comme un rassembleur
centriste. Le PLR a voté en bloc derrière son candidat unique et
n'a que très peu modifié les bulletins. «Le Parti radical est le
seul parti présent dans tous les exécutifs cantonaux», a relevé le
vice-président du PRD suisse Léonard Bender présent à
Delémont.
Le choix du candidat unique du PLR était la bonne stratégie, a
ajouté M. Bender, qui ne cachait pas son bonheur. Au cours de ces
dernières années, les radicaux ont enregistré des revers en Suisse.
Leur victoire dans le canton du Jura est surtout due à la
personnalité de Michel Probst qui incarne un renouveau.
Résultats serrés
Les deux ministres sortants sont séparés par seulement 122 voix.
«Je suis contente de mon score», a déclaré la ministre socialiste
Elisabeth Baume-Schneider, qui estime n'être pas sortie affaiblie
de ce scrutin. Reste qu'elle se retrouvera un peu isolée dans un
gouvernement de centre droit. Les divergences devraient notamment
surgir sur les questions fiscales.
Pour le ministre Laurent Schaffter, les résultats très serrés
doivent être interprétés comme un signe des électeurs en faveur
d'une politique collégiale et consensuelle. Il a estimé que les
Jurassiens ont voté plus en faveur de personnalités que de
représentants de partis politiques.
L'Ajoie en force
La participation a atteint 47,8 % alors qu'elle s'élevait à 51,9
% au 1er tour. Cette élection a débouché sur une première
historique: les Ajoulots seront désormais majoritaires au sein du
gouvernement avec Michel Probst, Charles Juillard et Laurent
Schaffter.
La prochaine étape sera la répartition des départements. Le PDC
Charles Juillard souhaiterait qu'on les remanie: il verrait d'un
bon oeil que l'on regroupe l'économie et les finances en un
département phare.
Le Parlement et le Gouvernement à majorité de centre droit
pourraient entamer une réforme des structures de l'Etat afin de
réaliser des économies. Plus important parti au Parlement, le PDC a
plus d'une fois prôné des économies budgétaires.
agences/stp/kot
2e tour: résultats définitifs
Les 5 candidats arrivés en tête au 1er tour sont élus:
1.M.Probst (PLR) 12'469 50,8%(élu)
2.L.Schaffter (PCSI) 11'998 48,9%(élu)
3.E.Baume-Schneider (PSJ) 11'876 48,4%(élue)
4.Ch.Juillard (PDC) 11'854 47,2%(élu )
5.Ph.Receveur (PDC) 10'854 44,2% (élu)
Ne sont pas élus:
6. P.Fedele CS/POP 7483 30,5%
7. A.Gebel Ind. 1091 4,4%
Les coûts du scrutin
La campagne entre les deux tours n'a pas soulevé grand intérêt. Pour les électeurs, et sans doute aussi pour les états-majors des partis, les jeux étaient faits depuis le soir du 1er tour.
Le sujet qui a occupé les esprits et rempli la rubrique du courrier des lecteurs est celui des coûts engendrés par ce 2ème tour.
L'organisation de ce scrutin coûtera 35'800 francs à l'Etat et 102'000 francs aux communes, soit au total près de 138'000 francs selon une estimation de la Chancellerie cantonale.
Certains responsables politiques mais aussi des citoyens auraient souhaité que cette somme soit affectée à autre chose.