Les quatre traitements testés à grande échelle avec l'essai clinique européen Discovery seront le remdesivir – développé contre Ebola – le lopinavir en combinaison avec le ritonavir – conçus pour lutter contre le VIH – et l'hydroxychloroquine, un anti-paludique.
"Nous avons une maladie qui tue, qui rend les gens gravement malades, donc c'est important d'aller vite", affirme Alexandra Calmy, responsable des consultations VIH au service des maladies infectieuses des HUG, interrogée lundi dans le 19h30.
"Aller vite, cela veut dire pas seulement prescrire les médicaments parce qu'ils sont là, à disposition, mais aussi tester les meilleures combinaisons possibles pour être certains d'avoir à proposer des médicaments efficaces", explique la médecin.
L'importance des tests et des protocoles
L'OMS a précisé lundi qu'il ne fallait pas introduire de nouveaux médicaments si tous les tests et les protocoles n'ont pas été suivis: "Tout le monde est convaincu qu'il faut des règles rigoureuses pour que les essais cliniques aient lieu et puissent donner leurs réponses", note la spécialiste des maladies infectieuses. "Il est aussi légitime de considérer des molécules qui sont déjà sur le marché et qui sont repositionnées dans cette indication du Covid-19".
Pour la professeure Calmy, les deux approches sont nécessaires: "On ne peut pas dire aux gens 'Attendez, on aura les réponses dans un mois'. Il est important d'utiliser les molécules qui sont repositionnées, pour lesquelles les signaux ne sont pas mauvais. Et il faut rentrer des patients dans des essais cliniques afin d'obtenir des réponses plus rigoureuses et claires, comparables avec d'autres essais cliniques".
Le controversé professeur Raoult
A Marseille, l'institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, dirigé par le professeur Didier Raoult, assure le dépistage de toutes les personnes "fébriles" qui s'y présentent, à rebours des consignes nationales françaises.
Depuis l'apparition du nouveau coronavirus en Chine, Didier Raoult défend l'usage de la chloroquine contre la maladie, nourrissant des réserves chez de nombreux autres spécialistes, qui estiment notamment que les essais menés auprès de 24 patients ne répondent pas à tous les critères nécessaires.
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Aurait-il trouvé un remède miracle? "Je suis très méfiante des médicaments miracles: on en a entendu beaucoup dans les anciennes pandémies – aussi dans le VIH", souligne Alexandra Calmy. "Je pense qu'il faut être très méfiants de cette opération de communication".
Pas de traitement miracle
Toutefois, la docteure juge important de tester la chloroquine dans des essais cliniques: "Cela n'empêche pas de considérer ce traitement: il a des effets et des propriétés qui pourraient le rendre intéressant dans le traitement du Covid-19. Mais de là à dire que c'est un médicament miracle, je pense que c'est quelque chose qu'on ne peut pas se permettre de faire".
Alexandra Calmy rajoute: "Il faut une certaine humilité actuellement lorsqu'on parle du traitement du Covid-19 parce que, franchement, on n'a vraiment pas eu pour l'instant de médicament miracle ni d'étude très convaincante".
Interview TV: Philippe Revaz
Adaptation web: Stéphanie Jaquet, avec les agences