Dans le contexte particulier de la crise sanitaire, la SSR a mandaté l'institut Sotomo pour prendre le pouls de la population. Mesures politiques, vie quotidienne, santé et travail sont les thèmes abordés dans cette enquête d'opinion qui a été réalisée entre le 21 et le 23 mars, c'est-à-dire après les dernières mesures annoncées vendredi par le Conseil fédéral.
MESURES POLITIQUES
Depuis le 28 février dernier, le gouvernement a pris progressivement une série de mesures pour endiguer la propagation de l'épidémie, allant de l'interdiction des rassemblements de plus de 5 personnes au retour des contrôles aux frontières, en passant par la fermeture des écoles, des soutiens à l'économie et une mobilisation militaire. Pour 49% des personnes sondées, les autorités ont réagi de manière adéquate, en temps voulu. Pour 49%, en revanche, elles ont trop tardé à prendre des mesures. Et seuls 2% des répondants estiment que le Conseil fédéral a agi de manière trop précipitée.
A noter toutefois qu'il existe une différence d'appréciation selon les régions linguistiques, puisque 68% des sondés en Suisse italienne et 64% en Suisse romande trouvent que les autorités ont agi trop tardivement, contre 42% seulement en Suisse alémanique.
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Malgré ces résultats, les Suisses soutiennent en grande majorité l'action gouvernementale, puisque 63% disent avoir confiance dans le Conseil fédéral, 15% pensent le contraire, et 22% sont neutres.
Interrogées dans le détail sur les différentes mesures, les personnes sondées disent en grande majorité les soutenir telles quelles (entre 54% et 69% d'acceptation). Très peu de sondés estiment que les autorités ont réagi de manière exagérée (entre 1% sur les mesures de soutien au système de santé et 9% sur la fermeture des commerces). Au contraire même, quelque 42% auraient voulu aller plus loin dans les restrictions de déplacement, avec une différence selon les régions: 59% en Suisse romande, 38% en Suisse alémanique et 30% en Suisse italienne.
SANTÉ
De manière générale, l'état d'esprit des Suisses s'est péjoré depuis le début de la crise. Ainsi, s'ils étaient 92% à répondre qu'ils allaient bien à très bien avant la crise, ils ne sont plus que 72% à le faire aujourd'hui.
Ce changement de mentalité est à mettre en relation avec les nouvelles peurs apparues depuis le début de la crise. Ainsi, 48% des sondés admettent avoir une forte crainte d'être contaminés par le Covid-19, contre 11% qui ne le craignent pas du tout. Au niveau des autres inquiétudes sont notamment citées la restriction des libertés (38% de fortes craintes), les pertes financières (33%), la perte d'emploi (15%) et l'augmentation des conflits privés (10%).
Concernant les inquiétudes pour la santé, un total de 72% des répondants indiquent n'en avoir aucune, ou très peu, alors que 28% disent le contraire. Ce ratio varie peu selon les âges. Pourtant répertoriées comme particulièrement à risque, les personnes situées entre 65 et 75 ans restent ainsi majoritairement confiantes (57% ne craignent pas pour leur santé), tout comme celles âgées de plus de 75 ans (54%).
Enfin, une grande majorité de sondés (74% au total), surtout les jeunes, pensent que les hôpitaux suisses vont connaître la même saturation que les hôpitaux en Lombardie.
VIE QUOTIDIENNE
Le sondage avait aussi pour objectif de mesurer l'impact de la crise sur la vie quotidienne des Suisses. Par exemple, à la question des raisons actuelles pour quitter son domicile, les sondés évoquent en premier lieu les achats (77%), suivis par les promenades (47%), le travail (40%) et le sport (18%).
Au sujet des contacts rapprochés (moins de 2 mètres pendant plus de 15 minutes), 38% des sondés disent n'en avoir eu aucun durant la semaine écoulée, 25% avec 1 à 2 personnes, 18% avec 3 à 5, 9% avec 6 à 10, 4% avec 11 à 20 et 6% avec plus de 21 individus. La moyenne s'élève à 2,7 personnes côtoyées de manière rapprochée cette semaine.
A noter que, concernant les moyens de transports, les répondants utilisent presque autant leur voiture qu'avant la crise (59% avant contre 55% maintenant) mais que, sans surprise, les transports publics comme les trams et les bus (35% contre 8%), ainsi que les trains (31% contre 6%) sont désormais délaissés.
Concernant le confinement à la maison, 43% des sondés déplorent le manque d'exercices, 27% le sentiment d'enfermement, 20% l'ennui, 18% la solitude et 13% l'augmentation des tensions. A l'inverse, 43% apprécient le calme et la détente, 34% le renforcement des liens avec la famille ou les partenaires et 20% l'amélioration du contact avec le voisinage.
TRAVAIL
Fortement encouragé, le télétravail n'est pas possible pour 40% des personnes interrogées, alors que 3% disent que leurs supérieurs le refusent. A l'inverse, 33% des sondés expliquent qu'ils peuvent télétravailler pour la première fois en raison de cette crise, alors que 6% disent qu'ils le faisaient déjà. Enfin, 17% le font désormais, mais seulement en partie.
Si 25% des répondants ne constatent aucun changement dans leur volume de travail depuis le début de la crise, ils sont 34% à remarquer une hausse du volume, et 34% à remarquer une baisse. Sans surprise, les métiers concernés par une hausse sont notamment ceux de la santé, du social, de la sécurité, de l'administration ou des médias, alors que les principaux domaines touchés par une baisse sont le sport, le bien-être, le tourisme et les transports.
Texte: Victorien Kissling
Graphes: Tybalt Félix
Méthode
Le sondage a été réalisé du 21 mars au 23 mars, 30'460 personnes dans toutes les régions du pays ont participé à l'enquête en ligne.
La marge d'erreur est de +/- 1,1 point de pourcentage.