Les malades constituent 10% des assurés mais utilisent 80% des
prestations, argumentent les professionnels de la santé. Les
assureurs n'ont actuellement aucune raison de promouvoir les soins
aux malades chroniques. Elles consacrent en revanche leur énergie à
attirer les bons risques «par tous les moyens», ajoute
l'association.
Cette compétition entre caisses a des effets négatifs pour les
personnes qui doivent recevoir des soins, estiment l'Association
des infirmières et infirmiers (l'ASI compte 26'000 membres, soit un
tiers des infirmières et infirmiers diplômés travaillant en
Suisse), le Syndicat des services publics (SSP), l'Association
suisse des médecins-assistants et chef de clinique (ASMAC, 15'000
membres), la Fédération suisse des sages-femmes (FSS, 2200 membres)
et l'Association des médecins indépendants (VUA).
Pour le bien des patients
Les soignants ont donc décidé, pour le bien des patients, de
soutenir l'initiative populaire pour une caisse maladie unique et
sociale soumise au peuple en mars prochain. Ils pointent du doigt
le système actuel qui voit les caisses proposer aussi bien
l'assurance de base que des assurances complémentaires.
Comme les caisses ne peuvent réaliser de bénéfices que dans les
assurances maladie complémentaires, elles cherchent à en vendre le
plus possible et à affaiblir l'assurance de base, poursuivent les
associations du personnel soignant, infirmier et médical dans leur
dossier de presse. Cette tendance va l'encontre des besoins de la
majorité de la population.
Avoir son mot à dire
Une caisse unique intégrerait mieux les chaînes de traitement.
La mise en place de la gestion des soins par cas serait plus aisée
et la prévention privilégiée. Le suivi individuel par des offices
décentralisés permettrait en outre d'économiser plusieurs centaines
de millions de frais administratifs et de publicité par année,
précisent les professionnels.
Et surtout, les patients, premiers concernés, deviendraient partie
prenante de la santé publique: ils auraient leurs représentants au
sein de la direction de la caisse, au même titre que les
fournisseurs de soins et que les autorités.
La gauche unie
L'initiative «pour une caisse maladie unique et sociale» exige
qu'une seule caisse maladie sans but lucratif gère l'assurance de
base pour toute la Suisse. Les actifs et les passifs des quelque 90
assureurs existants devraient lui être transférés dans un délai de
trois ans. L'initiative a été colancée par le Mouvement populaire
des familles, les Verts, l'association de défense des retraités
AVIVO, le syndicat des médias Comedia, le Parti suisse du travail,
les Jeunes socialistes ainsi que les sections vaudoise, genevoise
et du Valais romand du PS. Elle est soutenue par le Parti
socialiste suisse.
En revanche, le gouvernement et les Chambres fédérales
recommandent le rejet de l'initiative. Face à la hausse croissante
des primes d'assurance maladie, la droite et les assurances
craignent l'attrait de cette solution et prônent son rejet par voie
d'annonces depuis des mois.
ats/ruc/sun
Santé: il faut plus de concurrence
Contrairement à ce que veut l'initiative pour la caisse unique, la commission pour les questions conjoncturelles estime que le système de santé suisse a besoin de plus de concurrence.
Selon elle, c'est seulement ainsi que la hausse des coûts pourra être maîtrisée.
Dans son cinquième rapport annuel, présenté jeudi à Berne, la commission, composée de 17 membres issus essentiellement des milieux de l'économie, des syndicats et du monde universitaire, avance une série de propositions de réforme.
Toutes ont pour toile de fond davantage de concurrence et de liberté pour les assureurs (lire ci-dessous).
Plus de liberté et de régulation étatique
La première recommandation de la commission, et ce malgré les rétiecnes de Pascal Couchepin à ce sujet, est de permettre aux assureurs de choisir quels médecins et quels hôpitaux ils sont d'accord de rembourser.
Dans la foulée, elle demande à ce que les assureurs disposent d'une plus grande liberté pour établir leurs contrats, en vue notamment de favoriser les réseaux de soins.
Dans le domaine hospitalier, la commission propose de mettre sur pied un catalogue de prestations au niveau national et d'établir une comparaison de la qualité et des coûts entre tous les hôpitaux. A terme, il faut passer à un système de financement moniste.
Pour les 17 experts, il est aussi nécessaire que la régulation étatique soit améliorée, relève la commission. C'est pourquoi elle propose dans un premier temps de perfectionner la compensation des risques.
Dans la mesure du possible, l'Etat devrait également intervenir dans les hôpitaux pour passer des forfaits journaliers aux forfaits par cas.