"La propagation du coronavirus n'est pas la même dans les différents cantons. Il y a des régions où le virus est plus développé, comme le Tessin. Il est donc difficile d'avoir des solutions uniques pour tout le territoire suisse, il faut moduler ces mesures."
Mardi matin, le président du Conseil d'Etat tessinois, le PLR Christian Vitta, expliquait dans La Matinale la raison pour laquelle le Tessin prenait des mesures plus drastiques que le Conseil fédéral, comme l'interdiction totale des chantiers.
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Cette prise de position illustre les différences d'appréciation entre les cantons. Un sentiment confirmé par les résultats du sondage Sotomo publié mardi pour le compte de la SSR.
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Par exemple, si 49% des sondés au total jugent la réaction du Conseil fédéral trop lente, ils sont 68% à le faire en Suisse italienne et 64% en Suisse romande, contre seulement 42% en Suisse allemande.
De même, 59% des Romands sondés estiment qu'il faudrait aller plus loin dans les mesures de restriction des libertés individuelles, alors qu'ils ne sont que 38% en Suisse alémanique et 30% en Suisse italienne.
"Je suis pour un confinement imposé, ainsi qu'une plus stricte fermeture des frontières. On ne peut pas demander aux gens de rester chez eux et en même temps laisser entrer et sortir 24h sur 24h des marchandises par les frontières", estime par exemple mercredi dans La Matinale Sidney Kamerzin, conseiller national valaisan PDC.
Enfin, autre indicateur intéressant, les Suisses alémaniques interrogés pour le sondage sont 70% à avoir une grande ou très grande confiance dans les actions du Conseil fédéral. Ce chiffre tombe à 45% en Suisse romande et en Suisse italienne.
"En Suisse alémanique, il y a clairement moins de cas qu'au Tessin, naturellement, mais aussi qu'en Suisse romande. Il y a donc une urgence différente selon les régions", explique à la RTS Michael Hermann, directeur de Sotomo, pour justifier ces disparités.
"En Suisse romande, une majorité demande des mesures de restriction de sorties supplémentaires, à l'exemple de la France. Il y a peut-être des aspects culturels qui entrent en ligne de compte, sur la place de l'Etat notamment, ou sur la confiance dans les responsabilités individuelles qui est plus marquée en Suisse alémanique qu'en Suisse romande", ajoute Michael Hermann.
"C'est dû à notre système fédéraliste", analyse pour sa part Norman Gobbi, conseiller d'Etat tessinois, interrogé dans le 19h30. Selon lui, c'est logique que le Tessin, de par sa proximité avec la Lombardie, soit davantage au front que le reste du pays. "Mais le Tessin n'a jamais pris des mesures qui n'étaient pas nécessaires, on tient compte de leur proportionnalité."
"Il y a ce réflexe de dire: 'si ça ne me touche pas, je ne vois pas le problème'. Or, les cantons latins sont davantage touchés, avec un grand nombre d'infectés et de morts", souligne encore Norman Gobbi pour expliquer cette différence de sentiment.
Victorien Kissling
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