Le Conseil fédéral a approuvé une modification de l'ordonnance
qui entrera en vigueur le 1er octobre. Berne pourra ainsi
participer pour 30% au maximum aux coûts des projets pilotes
appliquant ce concept lancés par les cantons et les communes, ceci
durant trois ans au plus.
Financement
Cette aide sera financée via le crédit accordé l'automne dernier
pour la deuxième partie du programme encourageant la création de
crèches. Le gouvernement estime que les 120 millions prévus ne
seront pas utilisés en totalité.
Bien que ce programme ait accéléré l'extension de l'offre de
places d'accueil pour les enfants, celle-ci reste lacunaire. Les
tarifs élevés, le manque d'empressement des structures à l'égard de
la clientèle et la surréglementation sont aussi critiqués, justifie
le Conseil fédéral.
Le passage du financement de l'offre à un financement des
personnes doit permettre de stimuler la concurrence et d'introduire
une nouvelle dynamique dans le système d'accueil des enfants. C'est
dans ce but que les familles doivent être subventionnées: les bons
de garde leur serviront à payer la prestation de prise en charge
qui leur convient le mieux.
Le temps c'est de l'argent
Pour Pascal Couchepin, cette proposition, chère à son parti le
PRD, s'inscrit parfaitement dans la thématique de sa journée sur le
lac de Bienne consacrée à la politique du temps. Davantage qu'un
problème d'argent, la classe moyenne souffre d'un problème de
temps, d'après lui.
«On a donc besoin de possibilités d'accueil des enfants adaptées
aux besoins des parents», selon son discours écrit. Cela plaide en
faveur des bons de garde, car ce financement axé sur la demande
permettra de mieux encourager la création d'institutions souples
pour les personnes ayant des horaires de travail irréguliers, a-t
il pronostiqué.
Le ministre des Affaires sociales espère que les projets pilotes
montreront si ce système fonctionne. Cela servira de base pour la
suite des travaux une fois le programme en faveur des crèches
achevé (en février 2011). Pour l'instant, la ville de Lucerne
serait intéressée par cette expérience.
Philosophe des temps modernes
En plus des médias, le conseiller fédéral est accompagné cette
année sur l'Ile St-Pierre du sociologue allemand Hartmut Rosa, de
l'université de Jena. Ce dernier est l'auteur d'une étude sur
l'accélération du temps comme caractéristique des temps
modernes.
Pascal Couchepin a appelé à formuler «une politique moderne du
temps» et à débattre de cette «main invisible» qui gouverne notre
vie de tous les jours. Une telle politique concerne à ses yeux
plusieurs secteurs, notamment la famille, les rapports
intergénérationnels, les loisirs et la formation.
ats/ant
Une "bourse du temps"
Une politique du temps doit aussi inclure les personnes âgées. Parallèlement aux bons de garde pour les parents, Pascal Couchepin plaide pour des bons de bénévolat. Le travail fourni gratuitement pourrait être échangé contre des prestations d'aide.
L'objectif d'une telle bourse d'échange, baptisée «bourse du temps», serait de mieux utiliser les ressources-temps des jeunes retraités et autres personnes intéressées.
En contre-partie des prestations bénévoles, en particulier dans le domaine des soins, des bons seraient octroyés, qui pourraient à leur tour être échangés contre des prestations d'aide.
Ces bons seraient enregistrés dans une banque de données, a expliqué le conseiller fédéral jeudi. Ce registre serait géré par une organisation de volontaires, et non par la Confédération.
Pascal Couchepin va demander une étude de faisabilité. Vu le réseau d'organisations de volontaires et le nombre important de postes de bénévoles existant en Suisse, les conditions et les chances de succès d'un système de bons dans ce domaine sont réunies, estime le ministre des Affaires sociales.
L'idée d'une «bourse du temps» le séduit, car elle est basée sur la réciprocité: on donne du temps et on en prend. Avec à la clé une utilisation judicieuse du temps, selon lui.
Pour la dernière fois à l'Ile St-Pierre
Pascal Couchepin pourrait inviter les médias à Zimmerwald (BE) l'an prochain. La 10e édition de la sortie à l'Ile St-Pierre est la dernière, a-t-il annoncé.
Il a estimé qu'il était temps de changer de destination après dix ans. Il a évoqué Zimmerwald pour 2008, une localité où se sont rendus les communistes Lénine et Trotski.
«Il serait adéquat de parler politique dans un endroit où a été discutée une des utopies les plus catastrophiques que l'humanité ait vécu».