Christoph Blocher aurait fait ces déclarations lors d'une séance
d'une commission du National, a déclaré dimanche le socialiste
zurichois Andreas Gross.
Réagissant à un article du "Matin dimanche", A.Gross, président de
la Commission des institutions politiques du Conseil national, a
indiqué que le conseiller fédéral avait tenu des propos "choquants"
et "indignes" de la part d'un ministre à l'occasion d'une séance le
14 septembre, dont le journal romand affirme avoir obtenu le procès
verbal.
Pas la peine d'investir
"Il y a des règles à respecter même à l'égard d'un conseiller
fédéral appartenant au camp adverse. Dans ce sens, les propos tenus
par un membre du gouvernement lors d'une séance de commission ne
sont pas rendus publics", a relevé le conseiller national,
regrettant la fuite dans la presse.
Andreas Gross a néanmoins indiqué que Ch.Blocher avait laissé
entendre devant la commission que les Africains sont "paresseux" et
qu'ils sont "responsables de leur situation". "Il ne vaut pas la
peine d'investir de l'argent sur le continent africain", a ajouté
le conseiller fédéral, toujours selon A.Gross.
Le chef du Département fédéral de justice et police a également
nié la responsabilité des pays colonisateurs et industriels par
rapport à la situation économique actuelle de l'Afrique, a indiqué
A.Gross.
Plusieurs politiciens choqués
Ces propos ont choqué plusieurs membres de la commission, a
relevé le socialiste zurichois. Selon lui, Ch.Blocher a tenu un
discours reprenant des thèses "racistes". Si des membres de la
Commission souhaitent donner une suite politique aux propos tenus
par Ch.Blocher, il faut qu'ils interpellent le conseiller fédéral
lors de la prochaine session du Parlement. Le procès-verbal de la
commission, confidentiel, ne peut pas être utilisé, a expliqué
A.Gross.
Le chef de l'information du DFJP, Livio Zanolari, n'a pas souhaité
faire de commentaire. Il a cependant relevé que Ch.Blocher a déjà
par le passé émis des réserves sur l'aide au développement. Le
ministre a notamment évoqué un hôpital qu'il a lui-même financé en
Afrique. Une fois passé en mains africaines, l'établissement a
périclité, selon Ch.Blocher.
agences/boi
Peu après la norme anti-raciste
Il y a dix jours, Christoph Blocher avait violemment critiqué la norme pénale anti-raciste. Le chef du DFJP avait regretté que ce texte ait conduit à une enquête en Suisse contre un historien turc pour ses propos sur le génocide arménien.
"Cet article me fait mal au ventre", avait lancé le conseiller fédéral. Ce texte avait été adopté en 1994 pour empêcher des propos négationnistes relatifs à l'Holocauste.
Ces propos avaient suscité l'indignation dans la presse suisse et dans une importante frange de la classe politique et associative.
Pascal Couchepin avait parlé d'une "attitude inacceptable" et Moritz Leuenberger s'était dit "très surpris".
La population arménienne s'était aussi indignée, traitant Christoph Blocher d'irresponsable qui "ridiculise la Suisse en la transformant en tapis rouge pour les pires négationnistes".