La Suisse dépense 11,5 % de son PNB pour la santé (chiffre de
2003), contre 8,8 % en moyenne dans les pays de l'OCDE, relèvent
les deux organisations dans un communiqué commun diffusé mardi. Les
coûts y ont augmenté de 2,4 % par an en moyenne entre 1990 et 2004,
contre 1,5 % dans les autres pays de l'OCDE.
Les soins sont de qualité comparativement à d'autres pays de
l'OCDE. Mais les dépenses de santé en Suisse sont les plus élevées
au monde après celles des Etats-Unis, alors que d'autres pays
industrialisés ont des performances aussi bonnes, même meilleures,
à des coûts moindres, soulignent les experts consultés.
Ce rapport a été demandé à l'Organisation pour la coopération et
le développement économique (OCDE) et l'Organisation mondiale de la
santé (OMS) en mai 2004 par l'Office fédéral de la Santé publique
(OFSP), afin de bénéficier d'une évaluation externe.
Investir dans la prévention
La Suisse consacre seulement 2,2 % de ses dépenses de santé à la
prévention des maladies et à la promotion de la santé contre en
moyenne 2,7 % dans les autres pays de l'OCDE, constatent les deux
organisations.
«En investissant davantage dans la prévention, les autorités
suisses pourraient mieux affronter des problèmes importants comme
le tabagisme et l'alcoolisme ou demandant plus d'attention, comme
la santé mentale et l'obésité», explique le directeur général de
l'OMS pour l'Europe, Marc Danzon, cité dans le communiqué.
Le rapport critique aussi le manque de stimulants pour entraîner
les médecins et les hôpitaux à réduire les coûts. Il recommande des
méthodes différentes de facturation, comme des prix fixes par
pathologie et un plus grand recours aux médecins de famille. Les
experts sont favorables à une plus grande compétition pour faire
pression sur les coûts, qu'il s'agisse de la généralisation des
génériques, pour le prix des médicaments, ou des assurances
maladie.
Mesures économiques
Le vieillissement de la population ainsi que le coût des
nouvelles technologies vont contribuer à la poursuite de
l'augmentation des dépenses, mettent en garde l'OCDE et l'OMS. Le
financement du système à long terme est en jeu, d'où la nécessité
de prévoir des mesures d'économies pour assurer le contrôle des
frais.
agences/stp
Barrières cantonales
Le rapport déplore aussi l'existence de 26 systèmes cantonaux de santé, malgré la petite taille de la Suisse. Ces barrières cantonales rendent difficile une politique cohérente au niveau national et font obstacle à une plus grande concurrence pour les caisses maladie, les services de santé et les médicaments.
L'OCDE et l'OMS notent de larges différences dans les systèmes de subventions entre cantons. Elles recommandent de fixer des normes minimales sur le plan national.
«Des améliorations à long terme requièrent un changement du système de gouvernance de la santé», relèvent les deux organisations. «La compétition dans le domaine de l'assurance maladie et la fourniture des services de santé à la fois devrait franchir les barrières des cantons», ajoutent-elles.
Elles préconisent de fixer des objectifs sur le plan national de manière à s'assurer que les services de santé sont disponibles de manière homogène.