La procureure a accusé les médias d'avoir lancé une «chasse aux
sorcières» exclusivement contre le propriétaire des chiens, un
Italien de 42 ans, en ménageant les deux autres accusés. Cela a
conduit à un «jugement anticipé», selon elle.
«Or le procès devait se passer ici, devant ce tribunal», a déclaré
la procureure. C'est pourquoi elle a renoncé à réclamer la peine
maximale, soit trois ans de prison pour homicide par négligence,
mais seulement deux ans et demi. Même si au vu des faits, cette
peine «n'est pas proportionnée».
«Paresse et indifférence»
Car le maître des pitbulls, tout comme le locataire du studio
d'où les chiens se sont échappés, auraient pu éviter le drame s'ils
avaient réagi à temps et tenté de rattraper les trois molosses en
fuite. Mais ils ont fait preuve de «paresse et d'indifférence», a
accusé la procureure.
Les chiens ont pu courir librement pendant 15 à 20 minutes avant
l'attaque mortelle. Seule l'ex-amie du maître des pitbulls a tenté
de les attraper, a fait valoir l'accusation. C'est aussi la seule à
avoir montré «de vrais regrets». Mais il n'en reste pas moins que
confrontée à l'attaque du petit garçon, elle a fui. «C'était une
erreur», a affirmé la procureure.
Peine réduite demandée
L'avocat du propriétaire des pitbulls a demandé une peine
réduite à 18 mois: il a accepté l'accusation d'homicide par
négligence, mais a avancé diverses circonstances atténuantes.
D'abord, une enfance difficile dans des homes a conduit à une vie
chaotique qui témoigne selon lui d'une responsabilité légèrement
diminuée.
Ensuite, l'intéressé a immédiatement fait des aveux il y a un an,
reconnaissant d'emblée sa responsabilité. De plus, dès qu'il a su
que les chiens s'étaient enfuis, «il a mis ses chaussures» pour
pouvoir les chercher.
Enfin, l'arrogance qu'il a encore affichée lundi «cache un grand
désarroi», a affirmé l'avocat, à qui l'accusé a confié ces derniers
mois que la mort du garçon «le travaillait». Mardi, il avait
d'ailleurs perdu de sa morgue, était prostré sur sa chaise, et a
même sangloté silencieusement.
Ex-amie effondrée
Après son effondrement de la veille, l'ex-compagne de l'accusé
principal a pu être interrogée mardi. Sanglotant régulièrement,
elle a reconnu savoir que les pitbulls étaient le résultat d'un
inceste et que «ce n'était pas bien». La Suissesse de 29 ans,
toxicomane, était sous l'influence de la drogue lundi et avait dû
quitter la salle. Elle risque 16 mois avec sursis.
Le locataire du studio, un Suisse de 39 ans, pourrait écoper lui
d'une peine de 14 mois avec sursis. Le procès se déroule devant le
Tribunal de district de Dielsdorf (ZH), mais a lieu dans une salle
du Tribunal cantonal de Zurich pour des raisons de place. Il doit
se poursuivre mercredi et jeudi. Le jugement est attendu cette
semaine encore.
ats/ant/kot
Le père du garçon rejette les excuses
La deuxième journée du procès s'est terminée mardi par un coup d'éclat. Le père du garçon tué a rejeté avec émotion les excuses que le propriétaire des pitbulls a présentées aux parents dans sa déclaration finale.
Durant les douze heures d'audience, les deux hommes étaient restés calmes et plutôt prostrés, le père souffrant visiblement mais en silence, entouré de ses proches.
La mère a sangloté lors du récit du calvaire de son enfant. «Il devrait aller 10 ans ou toute sa vie en prison, mais je sais que cela ne me ramènera pas mon fils», a-t-elle confié à l'ATS avant l'audience.
Rappel des faits
Le 1er décembre 2005, Süleyman, 6 ans, a été tué par 3 pitbulls de 10 mois jamais socialisés qui s'étaient enfuis de la terrasse de leurs propriétaires.
Les chiens ont menacé une mère et à son fils de 4 ans, qui ont dû leur salut au fait d'être restés immobiles, mais la mère, âgée de 26 ans, souffre d'un traumatisme chronique.
Le propriétaire des chiens, un Italien de 42 ans, sa compagne suissesse de 29 ans et un Suisse de 39 ans répondent d'homicide par négligence et de graves lésions corporelles par négligence.