Le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) s'apprête à démarrer des tests sérologiques dans l'un de ses laboratoires, afin d'évaluer la part de la population vaudoise ayant déjà été infectée par le coronavirus.
Les tests seront effectués tout d'abord sur le personnel de l'hôpital, mais aussi les patients, ainsi qu'un échantillonnage de la population vaudoise. De 1000 à 2000 tests quotidiens pourront être effectués au CHUV, d'ici une dizaine de jours.
"Aujourd'hui, on sait qu'on a un certain nombre de personnes infectées, mais on n'a pas le dénominateur précis, puisque ce sont seulement les gens symptomatiques qui sont testés. Il sera intéressant d'avoir ces chiffres pour mieux gérer l'ensemble de la crise et mieux comprendre ce qu'il se passe", estime dimanche au 19h30 Gilbert Greub, médecin-chef responsable du secteur diagnostic à l'Institut de microbiologie du CHUV.
5000 tests nécessaires
A partir d'un échantillon de sang, il est possible de doser la présence d'anticorps spécifiques du coronavirus. Un échantillon de 5000 personnes représentatives de la population est nécessaire pour établir un ratio.
Connaître la part de la population immunisée est une donnée essentielle pour anticiper les risques au moment où les mesures de confinement seront arrêtées, afin d'éviter une deuxième, voire une troisième vague.
"Une fois qu'on a attrapé le coronavirus, on est probablement immunisé et donc protégé. La question c'est la durée de cette protection. Si on a attrapé cette maladie, on devrait être protégé en tout cas pendant l'épidémie actuelle. Mais la question de la mutation se pose, car on peut imaginer que le virus légèrement différent pourrait réinfecter une personne", explique le professeur Greub.
Combien de personnes doivent être immunisées pour freiner une nouvelle vague d’épidémie? "Il faudrait une grosse proportion de la population, peut-être 70 ou 80%. Est-ce que 50% suffit déjà à ralentir? Difficile à dire aujourd'hui", répond le médecin.
Pas d'étude nationale
Interrogé vendredi sur ces tests, Daniel Koch, le chef de la division des maladies transmissibles à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), confirme que toutes ces études sont pertinentes: "Tout cela sera coordonné dans le groupe de travail pour la recherche. Ce ne sera pas une seule grande étude au niveau suisse, mais il faudrait que tous les cantons le fassent"
A défaut d'une étude nationale, d'autres hôpitaux universitaires sont en train de démarrer les tests sérologiques, comme à Zurich, Saint-Gall et à Genève. Les résultats devraient aider les autorités à évaluer quand et comment lever les mesures sanitaires.
Cynthia Gani et Feriel Mestiri