Dans son réquisitoire, l'avocat général Jean-Pierre Mélendez a
estimé que le prévenu, seule personne jamais poursuivie dans une
affaire qui avait fait grand bruit, n'était pas un membre important
de la secte. «Michel Tabachnik n'appartient même pas à l'OTS, il le
dit et nous n'avons même pas la preuve du contraire», a-t-il
estimé. Selon lui, le musicien ne venait que les weeks-ends dans
les réunions de la secte.
Verdict le 20 décembre
Me Francis Szpiner, avocat du chef d'orchestre qui dénonce un
«délit d'opinion», a ensuite plaidé sa relaxe. La cour a mis son
arrêt en délibéré au 20 décembre. Le 25 juin 2001, en première
instance, le tribunal correctionnel de Grenoble avait relaxé Michel
Tabachnik, contre l'avis du parquet qui avait demandé cinq ans de
prison ferme. Ce dernier avait fait appel.
Incités au suicide
Poursuivi pour «participation à une association de malfaiteurs
en vue de commettre des assassinats», le chef d'orchestre se voit
reprocher d'avoir incité les adeptes de la secte à se suicider ou à
accepter une mise à mort, par ses écrits ou ses discours.
Il est établi que Michel Tabachnik a participé durant près de
vingt ans à la vie de la secte par ses écrits, les «Archées», et
les enseignements qu'il dispensait. Deux discours tenus à Avignon
devant des adeptes de la secte, en juillet et septembre 1994, lui
étaient particulièrement reprochés car il y annonçait la fin de
l'OTS.
Discours hermétiques
L'avocat général a jugé que cette participation n'était pas
active et estimé que les «Archées» ou les discours étaient si
hermétiques qu'on ne pouvait y voir un appel au suicide.
La motivation réelle du prévenu pour ses travaux dans l'OTS
pourrait avoir été l'appât du gain, un «besoin de considération» et
un attrait pour l'aspect sulfureux du groupe. Les associations
anti-sectes estiment elles que le dossier prouve que la législation
actuelle est trop réduite pour empêcher les agissements des
théoriciens des sectes.
ats/tac
74 victimes au total
Les massacres de l'OTS ont eu lieu dans trois pays:
- cinq morts le 30 septembre 1994 à Morin Heights, au Canada
- 48 morts les 3 et 4 octobre 1994 à Cheiry et Salvan, en Suisse,
- 16 morts le 16 décembre 1995 en France, dans le Vercors, à Saint-Pierre-de Chérennes,
- 5 morts le 22 mars 1997 à Saint-Casimir, au Canada.
Les victimes - dont les deux gourous Luc Jouret et Joseph di Mambro - s'étaient pour la plupart laissées tuer par des personnes qui s'étaient elles-mêmes suicidées ensuite.
M.Tabachnik soulagé
S'exprimant lors du 19:30 de la Télévision suisse romande (TSR),
M. Tabachnik s'est dit soulagé, parlant de «onze années de
calvaire». Le chef-d'orchestre a déclaré qu'il n'avait rien à se
reprocher. Les véritables responsables ne sont plus vivants, «je
n'ai été qu'un bouc-émissaire», a-t-il ajouté.