Le nouveau réseau postal sera constitué de 200 agences dans des
commerces existants, 200 offices principaux et des centaines de
succursales, a indiqué mardi la direction de La Poste devant la
presse à Berne. Le conseil d'administration du géant jaune a donné
son feu vert lundi à la mise en oeuvre du projet Ymago.
Mais l'introduction de ce nouveau modèle, d'offices principaux et
de succursales dépend de partenaires commerciaux et des
négociations avec les syndicats. La mise en oeuvre du projet pourra
débuter au printemps prochain, espère La Poste, qui pense que les
négociations avec les syndicats seront alors achevées. Ceux-ci sont
toutefois montés au front dès l'annonce de La Poste (cf
encadré).
Au niveau des suppressions de poste, Ulrich Gygi s'est engagé
formellement à ne laisser personne sur le carreau. Il assure
vouloir reclasser dans l'entreprise le personnel licencié ou
l'aider à trouver un emploi chez des tiers, mais peut-être pas au
même salaire ni de niveau semblable, a admis le directeur de La
Poste
Testé pendant 3 ans
Ce projet a été testé à la satisfaction du géant jaune durant
ces trois dernières années, a indiqué La Poste. Ce modèle applique
le principe de la poste dans l'épicerie du village.
Installées dans les magasins de campagne, ces agences
n'accepteront plus de versements en espèce, une des principales
critiques apparues dans la phase d'essai. Le client affranchira
lui-même ses envois et les payera à la caisse du magasin, comme ses
autres achats.
Les heures d'ouverture seront prolongées par rapport à celles des
actuels offices, une offre appréciée par 84% des usagers, selon La
Poste. Les prestations seront en revanche réduites à moins de 30
produits, l'essentiel, au lieu de 170 actuellement
Deux autres modèles étaient envisagés. Celui des offices de poste
gérés par des privés doit faire l'objet de tests supplémentaires
jusqu'à mi-2007, avant que La Poste décide de son éventuelle
introduction. Celui des appareils automatiques a en revanche été
abandonné.
Améliorer la rentabilité
Cette restructuration vise à améliorer le service à la clientèle
et la rentabilité du réseau tout en assurant la desserte de base
sur tout le territoire, a précisé Ulrich Gygi. "Nous avons la
chance de pouvoir effectuer cette difficile transformation dans une
position économique forte. Nos résultats sont excellents", a
précisé le directeur.
Pour les clients, le changement ne devrait guère être perceptible.
Elle devrait même y gagner, les employés des succursales allant
disposer de davantage de temps pour des services de conseil et de
vente,
agences/boi
Levée de boucliers
Une poignée de syndicalistes et d'employés de La Poste ont protesté mardi à midi à Lausanne, Berne et Lugano contre les projets de réorganisation du géant jaune. "Stop au démantèlement", "La Poste crache sur son personnel" ou "Carton jaune pour Gygi le rouge", pouvait-on lire sur les pancartes.
A Lausanne, des militants ont distribué sur la place St-François des tracts dénonçant les plans de restructuration. Devant des rangées de parapluies noirs ouverts, figurant la nécessité pour le personnel de se mettre à l'abri du "mépris" de La Poste, les volontés d'économie de la direction ont été dénoncées.
Le projet de La Poste est d'ores et déjà voué à l'échec, estiment les syndicats. Les clients seront mécontents de constater la réduction des prestations et les exploitants des agences insuffisamment rémunérés.
Le syndicat de la communication et transfair, invités à la table des négociations, annoncent la couleur: "Pas de suppressions d'emploi, pas de réduction salariale, pas de licenciement", indiquent-ils mardi par communiqué.
Il s'agit d'un "pur projet de démantèlement visant à saper le réseau des offices de poste", renchérit le syndicat de la communication. La réduction d'emplois touchera surtout les employés travaillant à temps partiel, pour la plupart des femmes aux guichets, craint-il.