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Les sites internet ne font plus la pub des relations sexuelles tarifées

Interdiction de prostitution liée au coronavirus: des associations craignent une augmentation de la prostitution clandestine.
Interdiction de prostitution liée au coronavirus: des associations craignent une augmentation de la prostitution clandestine. / 19h30 / 2 min. / le 2 avril 2020
Cette mesure a été prise sous la pression de plusieurs polices cantonales, a appris la RTS. L’objectif est d’éviter que les rencontres entre prostituées et clients contribuent à la propagation du virus.

Certains sites font savoir qu’ils suspendent "les annonces escortes pendant l’épidémie de Covid-19", d’autres écrivent que la catégorie "Escortes" est désormais "fermée". Des décisions prises parfois en collaboration avec des polices cantonales, mais aussi sous l’impulsion de ces mêmes polices.

L’objectif est double: rendre plus difficile la prise de contact entre travailleuses du sexe et clients et ainsi limiter le risque de propagation du virus via des rapports sexuels tarifés.

Les sites internet qui mettent d’habitude en avant les petites annonces des prostituées n’ont pas tant eu le choix: la prostitution étant désormais interdite, ils se rendent coupables s’ils en font la promotion.

L’enquête du 19h30 démontre qu’une prostitution clandestine s’est mise en place. Plusieurs prostituées continuent ainsi de travailler malgré l’interdiction prononcée. Directrice adjointe de Fleur de Pavé, l’association qui soutient les travailleuses du sexe actives dans le canton de Vaud, Sandrine Devillers met en avant les risques de cette prostitution clandestine.

Soutien d’urgence

"Quand la prostitution s’exerce en circuit fermé, les femmes s’exposent souvent à des violences de la part des clients. Elles risquent aussi d’oublier les consignes de prévention de santé. Pour chercher à gagner de l’argent, elles pourraient faire sauter certains verrous, je pense notamment à une non-utilisation du préservatif", s'inquiète-t-elle.

Au sein de l’association Fleur de Pavé, l’objectif principal est de garder le lien social avec ces femmes en situation précaire. Trois soirs par semaine, deux intervenantes sociales de l’association passent ainsi plusieurs heures dans la rue, là où les prostituées travaillent d’habitude. "Pour nous, il est important que les travailleuses du sexe sachent qu’on est là pour elles et qu’elles ont un point de contact. Nous sommes là pour répondre à leurs demandes et apporter un soutien d’urgence, par exemple si elles n’ont plus de quoi manger ou se loger", explique Sandrine Devillers.

Une cagnotte pour les prostituées

Lundi soir, lors du reportage du 19h30, les intervenantes sociales de Fleur de Pavé n’ont pas rencontré une seule prostituée dans la rue. "D’un côté, c’est rassurant, estime Claudia, l’une des deux intervenantes sociales. Cela signifie qu’elles ont pris conscience des dangers liés au virus. De l’autre côté, c’est inquiétant parce qu’on ne sait pas comment ces femmes qui vivent dans la précarité vont s’en sortir sans moyens financiers."

Sur son site internet, Fleur de Pavé indique que pour pallier les besoins les plus urgents des prostituées, une initiative a été lancée pour leur venir en aide. Ce pot solidaire a été mis en ligne par le collectif de la Grève féministe Vaud. Il est ouvert jusqu’au 5 avril et il a déjà permis de récolter plus de 5000 francs suisses. Cet argent bénéficiera en principe aux travailleuses du sexe dont la situation est la plus précaire.

Fabiano Citroni

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