Ses auteurs demandent de renforcer la prévention (lire
ci-contre). En 2002, 2432 hommes et 1033 femmes sont
décédées pour cause de consommation d'alcool.
Même si l'on tient compte de certains effets bénéfiques, il est
possible d'affirmer que la consommation d'alcool est à l'origine de
5,2% des décès chez les hommes et de 1,4% des décès chez les
femmes, a indiqué l'Institut de recherche sur la santé publique et
les addictions jeudi dans un communiqué. Il a mené l'enquête sur
mandat de l'Office fédéral de la santé publique.
Décès prématurés
La consommation d'alcool a aussi un impact sur le moment du
décès, souvent prématuré. Elle est responsable de 10,5 % d'années
de vie perdues chez les hommes et de 4,9 % chez les femmes. En
considérant le total annuel de morbidité, elle représente un des
cinq principaux risques pour la santé en Suisse, d'après les
chercheurs. Selon la définition de l'Organisation mondiale de la
santé (OMS), la morbidité comprend les années perdues et la
diminution de l'espérance de vie en raison de handicaps liés à la
maladie.
Ce modèle est typique des répercussions de l'alcool sur la santé:
un grand nombre de maladies liées à l'alcool n'entraînent pas une
mort immédiate, mais constituent des contraintes certaines. Et de
citer le Centre international de recherche sur le Cancer de Lyon
(France), qui a classé l'alcool comme «substance cancérigène».
L'alcool favorise le cancer
La consommation d'alcool augmente le risque des cancers du sein,
de la cavité buccale, du pharynx, de l'oesophage, du foie, de
l'intestin et du rectum. Comme le montrent des études sur le cancer
du sein, la consommation quotidienne d'un seul verre accentue déjà
le risque, par rapport au risque des non-buveuses, qu'il s'agisse
d'un verre de bière, de vin ou de schnaps. La consommation d'alcool
peut être mortelle lorsqu'elle cause des maladies du foie, comme la
cirrhose, par exemple.
Il est en outre notoire que la consommation d'alcool augmente les
risques d'accident de façon drastique. Mais on continue à
sous-estimer le risque mortel que constitue la consommation
sporadique de grandes quantités d'alcool (cas d'ivresse ponctuelle)
pour les maladies cardio-vasculaires en général et l'infarctus en
particulier. Plus de 60 maladies liées à la consommation d'alcool
ont pu être répertoriées.
ats/hof
Prévention prônée
Pour l'Institut de recherche sur la santé publique et les addictions, le nombre des problèmes liés à l'alcool est d'autant plus étonnant qu'il existe déjà des mesures efficaces visant à diminuer les maladies et les accidents.
Et de suggérer des pistes, notamment une augmentation des impôts sur l'alcool.
Il serait également envisageable de renforcer la protection de la jeunesse dans tous les cantons et d'interdire ou de limiter la vente de boissons alcoolisées dans certaines manifestations.
De telles mesures permettraient de réduire une grande partie des maladies citées de manière rapide et durable, estiment les chercheurs.
Des thérapies efficaces devraient par ailleurs être proposées aux personnes souffrant d'alcoolisme.
En conclusion, l'Institut juge nécessaire que la Suisse en fasse davantage en matière de prévention.
Elle pourrait s'inspirer de l'Italie et de la France «qui ont pu nettement réduire la consommation d'alcool et les maladies qui en découlent au cours de ces dernières années».
Il s'agit en outre de réduire les dommages provoqués à des tiers non concernés.