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Faut-il généraliser le port du masque en public? La Suisse dit toujours non

Le port du masque réclamé par certains pour sortir du confinement
Le port du masque réclamé par certains pour sortir du confinement / 19h30 / 2 min. / le 5 avril 2020
Depuis le début de l'épidémie de coronavirus, la Suisse recommande le port du masque uniquement au personnel soignant et aux malades. Cet avis était partagé par l'ensemble des capitales occidentales. Mais ces derniers jours, le discours officiel a changé dans plusieurs pays. Le Conseil fédéral n'entend pas modifier sa doctrine, du moins pas tout de suite.

Dans la lutte contre l'épidémie de coronavirus, c'est l'une des grandes questions qui agitent les experts et les politiques: faut-il oui ou non recommander - voire imposer - le port du masque dans l'espace public? Plusieurs pays occidentaux ont franchi le pas - Etats-Unis, Slovaquie, Slovénie, République tchèque, Autriche - ou semblent sur le point de le faire, à l'instar de la France et de l'Allemagne. Les autorités suisses, quant à elles, campent pour le moment sur leurs positions.

>> Lire : De plus en plus d'Etats conseillent le port du masque à leur population

Changement de stratégie possible

Sur sa page consacrée au coronavirus, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) résume la doctrine helvétique: "Les personnes en bonne santé ne doivent pas porter de masques d’hygiène en public. Ils ne protègent pas efficacement une personne saine contre l’infection par des virus affectant les voies respiratoires (autoprotection). Porter un masque peut dès lors donner un faux sentiment de sécurité." Une position encore défendue samedi par Daniel Koch, le Monsieur coronavirus de la Confédération.

Interrogé vendredi dans le 19h30 de la RTS, Alain Berset a toutefois entrouvert la porte à une modification des recommandations, tout en maintenant la position du Conseil fédéral, qui consiste à dire que les masques sont peu utiles pour les personnes en bonne santé et peu exposées. Une évolution de la stratégie pourrait intervenir une fois le pic de l'épidémie passé, lorsque viendra le temps d'alléger quelque peu les mesures de confinement, a plaidé le ministre de la Santé.

>> L'interview d'Alain Berset dans le 19h30 de vendredi :

Alain Berset "On a besoin de beaucoup de matériel, en particulier de masques."
Alain Berset "On a besoin de beaucoup de matériel, en particulier de masques." / 19h30 / 3 min. / le 3 avril 2020

Le masque pour redémarrer l'économie?

Pour l'heure, les partis continuent dans leur grande majorité de faire confiance au gouvernement sur cette question. Seule l'UDC fait entendre un autre son de cloche. Elle prône le port généralisé et obligatoire du masque dans l'espace public. Cette mesure fait partie de la stratégie de sortie de crise présentée en début de semaine par le parti de droite conservatrice. Elle permettrait une reprise de l'activité économique au plus vite, estime l'UDC.

>> Lire aussi : L'union sacrée du monde politique face au coronavirus? Vraiment?

Mais au vu des évolutions au niveau international, le vent pourrait tourner dans le monde politique. D'autant plus que les appels pour un allègement des mesures se font de plus en nombreux, notamment de la part des milieux économiques. "Le port de masques est un élément (pour une reprise de l'activité économique). En tout cas, ça ne fait certainement pas de mal", concède ainsi la présidente du PLR Petra Gössi dans la NZZ am Sonntag. Néanmoins, le parti ne s'est pas encore déterminé officiellement sur ce point.

>> Voir aussi le sujet sur la Suisse qui lutte pour obtenir des masques :

La Suisse lutte pour obtenir des masques
La Suisse lutte pour obtenir des masques / 19h30 / 2 min. / le 5 avril 2020

Des experts pour le port du masque

De l'autre côté de l'échiquier politique, la proposition de l'UDC trouve un écho chez l'écologiste Bastien Girod. Mais le conseiller national zurichois n'est pas guidé par des considérations économiques. Pour lui, le port généralisé du masque est avant tout une mesure sanitaire fondée sur des arguments scientifiques. Car de plus en plus d'experts plaident pour que la population se cache le visage dans l'espace public.

Parmi eux figure Marcel Salathé. Ce professeur d'épidémiologie numérique à l'EPFL affirme qu'il est scientifiquement prouvé que les masques freinent la propagation du virus. Pour lui, cet outil n'est pas la panacée et doit être utilisé en complément des bonnes pratiques (lavage des mains, distanciation sociale) et des autres instruments de lutte contre le coronavirus (tests à grande échelle, isolement rapide et systématique des personnes infectées, traçage numérique des porteurs du virus).

L'obligation du port du masque est particulièrement efficace pour éviter la transmission du virus par les personnes asymptomatiques ou qui présentent des symptômes légers, et qui parfois ne savent même pas qu'elles sont malades, notent ces experts. "Porter un masque ne protège pas la personne qui le porte. En revanche, cela protège les autres personnes. C'est un un geste de solidarité", résume la bioéthicienne et médecin Samia Hurst.

A défaut de masque, un foulard

Médecin-chef du service des soins intensifs des Hôpitaux universitaires de Genève, Jérôme Pugin est lui aussi favorable au port du masque. A défaut de masque, il serait même avantageux d'utiliser un foulard ou une écharpe, juge-t-il dans le 19h30. "C'est un virus respiratoire qui se transmet par des goutelettes, quand on tousse, quand on éternue et peut-être même quand on parle. Donc de mettre une protection devant ses voies aériennes, je pense que ça fait du sens."

>> Voir l'interview de Jérôme Pugin, médecin-chef du service des soins intensifs aux HUG :

Jérôme Pugin: "À défaut de masque, ce serait bien d'utiliser des foulards."
Jérôme Pugin: "À défaut de masque, ce serait bien d'utiliser des foulards." / 19h30 / 3 min. / le 5 avril 2020

Fanny Zürcher/Didier Kottelat

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