Le coronavirus peut être générateur d’angoisses, notamment chez les enfants et les adolescents. C'est pour cela que SantéPsy.ch et son partenaire Ciao.ch (qui s’adresse aux jeunes de 11 à 20 ans) ont lancé une campagne commune dont le but est de relayer conseils et ressources à la population.
"On sent beaucoup de tensions, d'angoisses, dans ce qu'on entend", explique-t-on à la permanence romande de La Main Tendue à Genève (tel 143), où plus de 90% des appels sont désormais en lien avec le nouveau coronavirus.
Responsable de la structure Malatavie Unité de crise (consacrée aux adolescents et à leurs proches, tel 022 372 42 42) aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), Anne Edan n'est pas surprise par cette augmentation des appels aux différents numéros d'aide et d'écoute.
"Il faut vraiment utiliser ce type de ligne"
"On sait que les périodes de confinement sont des périodes où il y a de la tension, de l'angoisse", rappelle la psychiatre lundi dans La Matinale. "Dans ces cas-là, paradoxalement, il faut absolument se tourner vers l'extérieur et le seul moyen possible actuellement c'est le téléphone". Cette spécialiste souligne justement l'importance de solliciter de l'aide si on en ressent le besoin: "Il faut vraiment utiliser ce type de ligne dans les moments de tension."
Anne Edan rappelle cependant que les professionnels restent disponibles et atteignables comme auparavant. "On pense que tout s'arrête avec ce confinement, alors même que nous poursuivons nos suivis débutés avant et c'est extrêmement important. On se voit comme une soupape grâce à ce suivi qui se fait essentiellement par téléconsultation."
"On est des êtres pulsionnels"
L'utilité de rechercher de l'aide peut se tourner en urgence en cas de tensions au sein du foyer, alors que le confinement les exacerbe. "Il faut vraiment pouvoir appeler très vite", souligne la psychiatre, "parce qu'on est en difficulté face à notre côté civilisé lié à ce confinement. Il ne faut pas oublier qu'on est des êtres pulsionnels."
Même dans les familles où tout se passe plutôt bien, du reste, il ne faut pas sous-estimer la situation. "C'est vraiment très important de ne pas minimiser. Il faut absolument respecter les espaces d'intimité, les rythmes, la possibilité de pouvoir aller prendre un peu l'air. Cette possibilité de pouvoir se mettre un petit peu à l'écart, c'est absolument essentiel."
Le déconfinement, entre stress post-traumatique et espoir
Et alors que l'on parle de plus en plus de l'après-confinement, l'inquiétude vient - pour les spécialistes - du risque de stress post-traumatique. "C'est quelque chose qui a été étudié lors de confinements pour d'autres virus, et effectivement on a cette grande inquiétude pour l'après: un état de stress post-traumatique avec - s'il y a une nouvelle vague - la difficulté de revenir à un confinement alors que cela a été vécu de manière extrêmement traumatique actuellement."
Mais si cette expérience du confinement est pénible, elle est aussi porteuse d'espoir. "J'espère", dit Anne Edan, "que ce confinement va permettre de vivre un peu plus lentement (…), de pouvoir même créer de nouvelles façons de vivre ensemble, voir ce qui est essentiel pour nous dans le lien social et comment on va pouvoir se réjouir de retrouver ce lien social une fois le confinement terminé."
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Propos recueillis par Romaine Morard/oang