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Paiements postaux: facture trop salée

Les retraits d'espèces aux guichets postaux sont restés possibles
Les bénéficiaires de versements postaux sont trop taxés
La Poste devrait revoir à la baisse la hausse de 30 centimes de la taxe prélevée auprès des bénéficiaires de paiements aux guichets. Dix centimes auraient été justifiés, estime l'autorité chargée de garantir le service postal universel.

Pour l'autorité de régulation PostReg, cette augmentation au 1er
janvier dernier est disproportionnée. Elle dépasse largement le
renchérissement. Depuis la dernière adaptation en 1997, ce dernier
s'est monté à 8 %, alors que la taxe a augmenté de 23 %, écrit
mardi PostReg dans un communiqué. Le service financier de La Poste
facture au destinataire du paiement de moins de 1000 francs un
montant compris entre 90 centimes et deux francs trente-cinq.

Un service universel

Selon l'autorité de régulation, qui intervient à la suite d'une
réclamation de l'Association suisse de vente par correspondance,
tant La Poste que PostFinance sont tenus par la loi de ne pas
réaliser de bénéfices démesurés sur des prestations relevant du
service universel. Or les versements en espèces au guichet tombent
dans cette catégorie.



D'après son analyse qui repose sur des données de PostFinance, la
hausse de la taxe correspond à un gain supplémentaire de 70
millions de francs par an. En septembre dernier, La Poste l'avait
estimé à quelque 60 millions.

Augmentation démesurée

PostReg comprend d'autant moins les raisons pour lesquelles
PostFinance a décidé d'augmenter les taxes dans une telle mesure
que La Poste Suisse fait partie des entreprises postales
européennes dont les bénéfices sont les plus élevés, écrit PostReg
dans son communiqué. Et l'autorité de régulation de rappeler les
comptes du géant jaune.



En 2005, PostFinance a réalisé un bénéfice de 312 millions de
francs et les produits du service universel ont permis de dégager
un excédent de 225 millions de francs. Avec un tel résultat, on
peut partir du principe que tous les coûts liés aux versements en
espèces sont couverts, estime PostReg.

Démantèlement caché

Selon l'autorité, La Poste parle de coûts par versement qui ont
augmenté de 6 % en cinq ans. On est loin des 23 % de hausse de la
taxe. Répondant à l'argument de La Poste selon lequel le nombre de
paiements au guichet est en recul, PostReg note que «cette manière
de faire est déplacée: une augmentation démesurée des tarifs
contribue à faire volontairement baisser la demande au détriment du
service public».



Autrement dit: La Poste voudrait supprimer ce service universel
qu'elle ne s'y prendrait pas autrement. Et PostReg de rappeler
qu'il ne sera plus possible d'effectuer des versements en espèces
dans les 200 offices de poste situés en zone rurale qui seront
transformés en agence.



ats/jab

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Une perte de 180 millions par année

La Poste prend acte de la décision de PostReg, mais prévient que revenir en arrière équivaudrait à maintenir déficitaire le service de paiements en espèce au guichet.

Depuis 2002, cette prestation de PostFinance essuie, selon lui, une perte annuelle de quelque 180 millions de francs.

Sur le dos des régions périphériques

Dans le même état d'esprit, l'autorité de régulation n'accepte pas que La Poste finance de nouvelles prestations dans les centres urbains sur le dos des régions périphériques.

La taxe est en effet payée par tous les bénéficiaires de versements. Or La Poste justifie également la hausse de la taxe par le fait qu'elle entend créer des centres de conseils PostFinance dans les grandes villes, où il sera possible d'effectuer des versements.