«Entre les statistiques officielles de la SUVA et la réalité, il
y a un grand écart. Nous aimerions que l'Etat se préoccupe de
manière beaucoup plus sérieuse des personnes qui ont travaillé à
l'usine Eternit de Payerne», a expliqué lundi François Iselin, du
Comité d'aide et d'orientation des victimes de l'amiante
(Caova).
Chiffres sous-estimés
Selon ses estimations, plus de 6000 travailleurs ont été exposés
à l'amiante dans les usines d'Eternit en Suisse, soit près d'un
millier à Payerne et plus de 5000 à Niederurnen (GL). Près de 400
d'entre eux ont développé un cancer lié à ces fibres.
L'association ne vise pas seulement Eternit. De nombreuses
entreprises ont fait des victimes de l'amiante, mais la Suisse
manque de données scientifiques sur le sujet. Et sous-estime le
problème: à populations égales, le nombre de cas est officiellement
100 fois plus faible en Suisse qu'en France, a ajouté François
Iselin.
En Italie, une étude menée à partir du Registre régional de
Vénétie s'est intéressée aux décès dus au cancer de l'amiante, le
mésothéliome. Elle montre que sur les 49 cas qui concernent des
immigrés italiens partis travailler à l'étranger, plus de la moitié
avaient choisi la Suisse, notamment Niederurnen.
Bon indicateur
«Ce sont des données ponctuelles mais elles fournissent un bon
indicateur», a constaté Massimo Usel, président du Caova.
Le Caova regrette qu'en Suisse rien ne bouge et qu'il reste très
difficile de faire reconnaître l'origine professionnelle de la
maladie et d'obtenir des indemnisations de la Suva. Avec sa
pétition, l'association s'adresse pour l'instant aux autorités
vaudoises, canton où le comité a recensé le plus de cas, mais il
n'exclut pas de lancer ensuite une pétititon nationale.
ats/ruc
Procès en italie
Fin janvier, des membres du comité ont témoigné à Turin dans le cadre de l'enquête sur les décès des Italiens qui ont travaillé dans les usines suisses d'Eternit.
Un procès est prévu dans un ou deux mois.
«Si cela se débloque en Italie, il y a des chances pour que cela donne un coup de fouet à la situation en Suisse», estime François Iselin, du Comité d'aide et d'orientation des victimes de l'amiante (Caova).
«Nous voulons un inventaire des êtres humains floqués à l'amiante. Ce procès en Italie va nous y aider», a-t-il ajouté.