Pour la majorité, l'initiative populaire «pour une politique
raisonnable en matière de chanvre protégeant efficacement la
jeunesse», va trop loin. Elle veut aussi réglementer le commerce
des produits psychoactifs dérivés du chanvre.
Comme le National en décembre, la commission a donc rejeté
l'initiative mardi, par 7 voix contre 3, a indiqué son président
Urs Schwaller (PDC/FR) devant la presse. Mais, comme en 2004 déjà,
elle se montre plus libérale que la Chambre du peuple. A l'époque,
le National avait fait capoter, contre l'avis du Conseil des Etats,
le projet de libéralisation de la consommation de cannabis élaboré
par le gouvernement.
Usage personnel toléré
Par 7 voix contre 4, la commission a donc donné son feu vert à
un contre-projet élaboré sous la houlette de Felix Gutzwiller
(PRD/ZH). Ce texte prévoit d'autoriser les personnes majeures à
consommer, posséder ou cultiver du cannabis pour leur usage
personnel. La vente demeurerait interdite.
L'avenir de ce contre-projet dépend désormais de la commission de
la santé publique du National. Celle-ci devra trancher le 18
janvier. Si elle soutient l'idée, la commission du Conseil des
Etats poursuivra ses travaux et le plénum pourra se prononcer en
juin, selon Urs Schwaller. En revanche, si la commission de la
Chambre du peuple oppose son veto, le projet sera enterré, pour des
questions de délai légal et pour éviter un bras de fer inutile. La
Chambre des cantons doit en effet impérativement débattre de
l'initiative populaire avant le 13 juillet. L'échéance sera
prolongée d'une année si l'élaboration d'un contre-projet est
décidée.
ats/bri
Refusé de justesse
En février 2007, la commission du National avait refusé de justesse l'idée d'un contre-projet - par 11 voix contre 10 et 3 abstentions.
Pour des raisons tactiques, les tenants d'une version modérée de l'initiative populaire ont cependant préféré ne pas amener le sujet devant le plénum avant que la commission du Conseil des Etats ne se prononce à son tour.
Si le président de la commission du National soutient le principe, la commission du Conseil des Etats entend apporter quelques retouches au texte du contre-projet.
Le Conseil fédéral, qui a rejeté l'initiative populaire, devra lui aussi rendre un nouvel avis.
Fronts figés
Au fond, les avis sont faits depuis longtemps dans cette question, a estimé Urs Schwaller. Les partisans d'une dépénalisation de la «fumette» estiment que la répression n'a mené à rien et que si une personne majeure veut se nuire à elle-même, aucune loi ne peut l'en empêcher, a-t-il relaté. Ce camp réunit en majorité des radicaux, des socialistes et des Verts.
Les opposants - plutôt des UDC et des PDC, s'insurgent quant à eux contre cette banalisation de la drogue. Pour eux, une libéralisation serait un signal erroné pour les jeunes.