Mon proche sera-t-il soigné comme il le souhaite ou comme il le mérite? Aura-t-il accès aux soins intensifs même s'il est âgé? Certaines familles sont dans le flou. C'est le cas pour cet habitant de la Broye. Sa maman est âgée de 76 ans et réside dans un EMS vaudois.
"J'ai appris il y a 8 jours qu'elle était atteinte du Covid 19. On m'a dit qu'elle serait aidée. Elle recevrait de l'oxygène ou de la morphine. On m'a dit qu'elle ne serait pas transférée en hôpital. Ce qui m'a fait mal, c'est qu'elle ne serait pas soignée à l'hôpital si son état s'aggravait."
Aujourd'hui, cette patiente va mieux et elle n'est pas en danger. Mais reste la question d'une éventuelle hospitalisation.
Tant qu'il y a de place...
Les patients des EMS sont-ils oui ou non interdit d'hôpital? Le médecin cantonal vaudois, Karim Boubaker, est formel. Il n'y a aucune directive qui annonce que les résidents n'ont pas accès à l'hôpital.
"On est toujours dans du cas pas cas. Tant que le dispositif sanitaire peut admettre tous les patients bien évidemment il n'y a pas de choix prépondérant sur une personne ou une autre"
Le canton de Vaud n'est pas une exception. A Fribourg, aussi, le message adressé aux homes spécifie qu'un transfert pour certains cas est discuté avec l'Hôpital cantonal, selon l'évaluation clinique du patient.
Acharnement thérapeutique
Le médecin cantonal vaudois indique que quelques patients ont été hospitalisés. Mais il rappelle que les résidents d'EMS sont âgés et qu'ils ont rédigé des directives anticipées dans lesquelles ils précisent souvent ne pas souhaiter d'acharnement thérapeutique ni d'hospitalisation. Enfin, bon nombre de soins peuvent être prodigués directement en EMS.
Pour faire hospitaliser un patient, plusieurs critères sont évalués: ses motivations, celle de la famille ainsi que des critères cliniques. Les critères respiratoires sont souvent prépondérants dans le cas du Covid 19.
Reste que la société de soins palliatifs gériatriques ne recommande, par exemple, pas l'intubation pour les personnes très âgées et atteintes de plusieurs pathologie. Car leur chance de survie est faible.
Dans la concertation
"Une intubation chez une personne très âgée, avec beaucoup de maladies, est un acte compliqué qui doit être fait en connaissance de cause. Si on estime que les chances de réussite sont très faibles, on doit le dire à la personne si elle est capable de l'entendre, ainsi qu'à la famille. Il faut avoir une vraie discussion humaine sur ces questions-là", estime Karim Boubaker.
Aujourd'hui, il y a encore de la place dans les hôpitaux. Que se passera-t-il si elle venait à manquer? C'est le scénario que personne ne souhaite. Vaud n'a pas arrêté les critères mais se dit apte à le faire rapidement. Les critères se baseraient sur l'état du système de santé, sur la situation épidémiologique et clinique ainsi que les recommandations de l'association suisses des sciences médicales.
Et Karim Boubaker de militer en faveur d'une position concertée, pour éviter une cacophonie intercantonale sur un sujet aussi délicat.
Céline Fontannaz