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Les patients non-Covid désertent les urgences, inquiétude des médecins

Cri d'alarme des médecins suisses: les patients pour des urgences ordinaires arrivent beaucoup trop tard.
Cri d'alarme des médecins suisses: les patients pour des urgences ordinaires arrivent beaucoup trop tard. / 19h30 / 2 min. / le 7 avril 2020
En Suisse, les patients désertent les urgences et les cabinets médicaux par crainte d'être contaminés par le coronavirus ou d'encombrer les services. Conséquence: les malades ne consultent pas, ou trop tard.

Partout en Suisse, les consultations physiques ont chuté depuis le début de la pandémie de coronavirus. Dans certains cas, la diminution atteint même les 80%, selon le reportage de la RTS.

Aux urgences non-coronavirus de l’Hôpital fribourgeois par exemple, une ambiance étonnamment paisible règne. L’activité a diminué de près de moitié en trois semaines.

"Une grosse inquiétude"

Les urgences vitales sont en chute libre en Suisse, avec 20% en moins de cas d'AVC et 30% en moins de cas d'infarctus. Les spécialistes veulent à tout prix éviter une surmortalité, en rappelant encore et encore que les urgences ne sont pas surchargées et que les malades du coronavirus sont strictement isolés des autres pathologies.

"Au CHUV, nous constatons une baisse d'environ 35% du nombre d'infarctus que nous avons normalement à la même période. C'est un peu un mystère, mais un mystère qui se dévoile puisque nous avons beaucoup d'infarctus subaigus, qui sont pris en charge trop tardivement. Nous en avons environ quatre fois plus, c'est une grosse inquiétude pour nous", explique Olivier Muller, chef du service de cardiologie au sein de l'hôpital lausannois, dans le 19h30.

L'inquiétude est la même partout ailleurs. "En Espagne, il y a 40% de cas d'infarctus en moins et aux Etats-Unis certaines cliniques déplorent une diminution de 80%. Les gens ont peur d'aller à l'hôpital, de contracter la maladie, ou de surcharger l'établissement", relève Olivier Muller.

D'autres raisons?

Le coronavirus est-il l'unique raison de cette baisse des infarctus? "Des gens parlent de la baisse du stress, d'autres de la pollution qui diminue. Nous, les professionnels de la santé, nous ne croyons pas à ça. Je pense qu'une surmortalité va apparaître. Il y a des indices, notamment à Bergame en Italie, d'une surmortalité non liée au Covid-19", souligne le spécialiste du CHUV.

Olivier Muller estime enfin que les patients qui ont de la peine à souffler devraient contacter leur médecin, contrairement à certaines indications, notamment celles mentionnées sur certains sites internet d’auto-évaluation au Covid-19. "Il faut alerter quand il y a des symptômes de douleurs thoraciques et d'essouflement."

Olivier Muller "On a une baisse de 35% d'infarctus. Quatre fois plus d'infarctus sont pris en charge trop tard."
Olivier Muller "On a une baisse de 35% d'infarctus. Quatre fois plus d'infarctus sont pris en charge trop tard." / 19h30 / 3 min. / le 7 avril 2020

mo/gma

>> L'interview d'Olivier Muller dans le 19h30:

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