Publié mardi, le deuxième sondage sur la crise du coronavirus, réalisé par l'institut Sotomo pour le compte de la SSR, mettait en évidence l'absence de majorité pour un relâchement des mesures de semi-confinement. Toutefois, l'enquête montrait qu'une certaine lassitude vis à vis des restrictions de la vie publique et de l'économie commençait à poindre dans la population.
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Crainte d'une infection en baisse
Signe de cette évolution, les Suisses semblent de moins en moins craindre personnellement une éventuelle infection par le coronavirus. L’évolution est faible, mais elle est significative. Les personnes interrogées sont désormais moins d’un quart à redouter fortement le virus, contre 30% deux semaines plus tôt, et seulement 3,5% d’entre elles y voient un danger mortel.
Cette dynamique se retrouve dans les trois régions linguistiques et les Alémaniques restent les plus insouciants. Seuls 22% des germanophones ressentent une vive inquiétude ou craignent pour leur vie, contre 30% des Romands et 35% des Tessinois. L’âge des sondés joue un grand rôle ; les plus de 75 ans sont les plus inquiets (40%), à l’opposé des jeunes de 15 à 24 ans (12%).
Une surcharge des hôpitaux exclue
Plus marquante encore est l’évolution de la crainte d’une surcharge des hôpitaux, à l’instar de ce qu’a connue la Lombardie au début de la pandémie. Il y a deux semaines, 75% des Suisses redoutaient un scénario à l’italienne dans les établissements hospitaliers du pays. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 31% à envisager une crise sanitaire de cette ampleur.
Les Alémaniques (27%) sont moins pessimistes que les Romands et les Tessinois (39%). Au niveau des générations, c’est étonnamment les personnes âgées, pourtant les plus vulnérables, qui craignent le moins une surcharge des hôpitaux (24%) et les jeunes de 15 à 24 ans (42%) qui redoutent le plus fortement que le système de santé ne soit débordé par les malades.
La peur pour les libertés devant la peur du virus
L’évolution des principales craintes liées à la pandémie de COVID-19 souligne elle aussi ce basculement de l’opinion. Le 22 mars, c’est la contamination par le coronavirus (51%) qui figurait en tête des préoccupations des sondés, devant les restrictions des libertés individuelles (39,1%). Cet ordre s’est inversé aujourd’hui (49,4% contre 39,9%). La crainte de pertes financières et la crainte de l’isolement social ont également crû.
L'emploi, inquiétude secondaire
Plus de la moitié des personnes interrogées estiment que la pandémie débouchera sur une crise économique en Suisse. Pourtant, malgré les conséquences massives du virus sur la vie économique, 87% des employés ne craignent pas de perdre leur place de travail. Sur ce point, on ne distingue quasi aucune différence selon les régions linguistiques.
La situation est cependant très différenciée selon les domaines d’activité. Les perspectives sont particulièrement mauvaises pour les secteurs "sport, bien-être, beauté" (39,8%) et "tourisme, hôtellerie, restauration" (30,8%), avec respectivement 39,8% et 30,8% des employés qui jugent leur emploi non garanti, s’attendent à un licenciement ou ont déjà été congédiés. Les employés des secteurs de la communication (22,7%) et des médias (21,8%) sont également très pessimistes.
Enfin, la situation est d’ores et déjà dramatique pour les indépendants. Pour un tiers d’entre eux, les affaires sont à l’arrêt. De plus, 37% de ces travailleurs enregistrent une baisse des commandes depuis le début de la crise. Seuls 22% des indépendants ne constatent aucune différence et 6% ont davantage de travail. Pire, si on ne regarde que la Suisse romande, le constat est encore plus grave.
Didier Kottelat
Méthode
Le sondage a été réalisé du 3 au 6 avril. Au total, 29'891 personnes dans toutes les régions du pays ont participé à l'enquête en ligne.
La marge d'erreur est de +/- 1,2 point de pourcentage.