«Dans une dizaine d'années, environ 20% des glaciers suisses
auront fondu. Dans cent ans, ils auront presque disparu» a indiqué
Martin Funk, glaciologue à l'ETH de Zurich. Il confirmait ainsi un
dossier diffusé jeudi soir dans le cadre de l'émission alémanique
«10 vor 10».
Martin Funk est encore incapable de dire lequel des 100 glaciers
observés a le plus fondu. Les données relevées entre août et
octobre ne seront pas exploitables avant janvier. Il lui paraît
cependant certain que tous les glaciers suisses ont perdu de leur
masse. Le glacier d'Aletsch a perdu cette année près de 50 mètres
de longueur, selon les dernières mesures.
Recul jusqu'à deux cents mètres
Ces dernières années, le Triftgletscher (BE) a été le glacier
qui a le plus reculé - 134 mètres pour la période de test
2003/2004, 216 mètres dans la période 2005/2006. Actuellement sa
fonte n'est plus la plus importante.
Les autres années, le glacier avait tellement fondu que cela avait
créé un lac. «Entre-temps, le glacier a encore reculé et sa langue
ne se trouve même plus dans le lac».
Risques de sécheresse
Selon Martin Funk, les fontes graduelles des glaciers n'ont pas
encore eu de conséquence sur le monde animal et végétal des
montagnes suisses. Les choses risquent toutefois de changer,
prévient-il. «Les glaciers sont en train de faire de la place à une
nouvelle faune et une nouvelle flore».
Mais le glaciologue s'inquiète avant tout de la disparition de
l'eau en provenance du glacier. Cette dernière est aujourd'hui
encore très importante. «Si elle venait à manquer, l'augmentation
de la sécheresse pourrait avoir des conséquences négatives dans les
vallées».
ats/sch
Formation de nouveaux lacs
Là où il y avait naguère des langues glaciaires et le début d'un torrent, il y a souvent, désormais, de petits lacs - ce qui pose divers problèmes, selon le glaciologue Martin Funk.
C'est ainsi qu'il y a un risque de débordement dangereux du lac du glacier de Trift, dans la région du Susten (BE): en effet, de grandes masses de glace pourraient brusquement s'effondrer et engendrer un vague dévastatrice.
Il en va de même avec le glacier de Grindelwald (BE). Au bas du glacier du Rhône, dont le lac va se développer au cours des prochaines années, des blocs de glace pourraient former un barrage, avec le risque d'un brusque relâchement de l'eau en cas de fonte rapide ou de rupture.