Le confinement, qui dure déjà depuis quatre semaines, va se poursuivre en tout cas jusqu'au 26 avril. Dans certains foyers, femmes, hommes et enfants sont à la maison 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. De quoi mettre à rude épreuve les relations de couple et les relations familiales.
Une situation très difficile à vivre pour les couples déjà en crise. Mais pour les autres aussi, l'exercice est compliqué, surtout avec des enfants. Et la délicate question du partage des tâches domestiques cristallise les tensions. Car la charge s'alourdit en période de confinement, avec le télétravail, l’encadrement scolaire, le ménage et les repas...
Tout le monde tâtonne et les tensions sont nombreuses. Des mères de familles sur les rotules témoignent avoir désormais à affronter une triple journée de travail, leurs compagnons ayant gardé leurs habitudes. Mais il y a aussi des cas où les choses se passent mieux.
Faire un planning, la botte secrète
Dans cette situation, beaucoup ont dégainé la botte secrète: le fameux "planning" pour mieux définir qui fait quoi. C'est le cas d'un couple qui vit à Lugano avec leur fille et font tous deux du télétravail. "J'ai dû m'occuper davantage des repas et des tâches ménagères, témoigne Sylvie dans La Matinale de la RTS jeudi. J'avais l'impression que beaucoup de choses reposaient sur moi. J'en ai parlé un jour à mon conjoint pour lui dire que c'était trop pour moi, que j'étais fatiguée et ne pouvais pas continuer comme ça. Après mon coup de gueule, il a pris les choses en main et a fait un tableau des tâches".
Et ce tableau a changé les choses, estime Mohammed, le mari de Sylvie. "Au début du confinement, j'avais continué mon rythme de travail, je travaillais même plus, commençant tôt, finissant tard... Le planning a changé les choses. On se rend mieux compte de combien ma femme a de travail à la maison chaque jour, et j'y participe concrètement".
Autre couple, autre situation: Loan est artiste et enseignante. Elle vit à Lausanne avec son compagnon et leur fils. Pour cette quadragénaire, se retrouver 24h sur 24h en famille n'est pas simple: "Les questions sont les mêmes qu’avant, mais elles s'étalent désormais sur toute la journée", remarque-t-elle.
La renégociation des rôles prendra du temps
A l’inverse, certaines femmes sont contraintes d’investir massivement la sphère professionnelle. C’est le cas notamment du personnel soignant. Médecin dans le canton de Vaud, Joanna Le Boudec a vu son temps de travail augmenter. De quoi modifier son organisation familiale: "On portait déjà les tâches domestiques à deux, mais j'avais plus de temps à la maison et mon conjoint plus de temps au travail, donc j'en assumais davantage. Maintenant, ça s'est peut-être inversé ou du moins équilibré".
Selon la sociologue et démographe à l'Université de Lausanne Laura Bernardi, le confinement risque toutefois, au début, de renforcer les inégalités, car c'est souvent la femme qui gère déjà la plupart des tâches domestiques et relationnelles. Et malgré la présence du compagnon à la maison, cela risque de continuer. Elle cite l'exemple de l'école: "C'est la mère qui a donné son contact à l'établissement dans la plupart des cas, et qui recevra donc les devoirs, etc.", avance la spécialiste. Elle espère par ailleurs que ce confinement aura un deuxième impact, à plus long terme, avec la renégociation des rôles de chacun dans le couple.
Sujet radio: Martine Clerc
Adaptation web: Vincent Cherpillod