Rixe à Bienne: 15 ans de prison pour l'accusé
Un jeune Suisse a été condamné à 15 ans de réclusion pour le double meurtre perpétré en été 2004 à Bienne. Devant le risque élevé de récidive de l'accusé, la peine a été suspendue au profit d'un internement.
«Vous n'aurez une chance de vous amender que si vous avez le
courage de prendre la responsabilité de vos actes», a dit le juge
Markus Gross, du Tribunal d'arrondissement de Bienne, à l'adresse
de l'accusé.
Le jeune homme, cloué sur une chaise roulante depuis qu'il a bouté
le feu à sa cellule, est resté sans réaction durant la lecture du
verdict et des considérants qui a duré plus de deux heures et
demi.
Soulagement du côté des victimes
Le soulagement était en revanche perceptible du côté des proches
de l'Espagnol de 28 ans et du Suisse de 27 ans, poignardés à l'aide
d'un couteau de cuisine dans la confusion d'une bagarre générale,
devant un bar de Bienne.
La Cour a également mis à la charge de l'accusé quelque 250'000
francs pour tort moral. Puisse cette réparation aider les familles
à commencer à faire le deuil de leur proche disparu, a déclaré le
président du Tribunal assisté de quatre juges de milice. La Cour a
établi les faits et mesuré la peine à prononcer mais
l'interrogation posée par cet acte de violence gratuite demeure,
a-t-il ajouté.
Mobile impossible à établir
Agé de 20 ans au moment des faits, le prévenu a protesté de son
innocence tout au long de la procédure. Il n'avait aucun lien avec
ses victimes et son mobile n'a pas pu être défini. De l'avis du
Tribunal, seuls ses graves troubles de la personnalité, amplifiés
par la consommation de drogues et d'alcool et l'ambiance survoltée
de la rixe, peuvent expliquer son accès de violence forcenée.
La Cour a en revanche établi que le jeune homme, qui avait pris
chez lui un couteau de cuisine de 22 centimètres de long dans le
but de se protéger, a asséné une dizaine de coups de lame, à une
cadence très rapide, au dos de la première de ses victimes puis au
flanc de la seconde. S'étant lui-même blessé au tranchant de la
main gauche, il a continué à frapper de la main droite.
Identification formelle
Plusieurs témoins l'ont vu à l'oeuvre et deux l'ont formellement
identifié. Leurs déclarations corroborent les analyses de la
médecine judiciaire: seuls le sang du meurtrier et celui de ses
victimes ont été retrouvés sur le manche de l'arme.
La Cour a ainsi suivi le procureur qui avait requis 16 ans de
réclusion et réclamait l'internement de l'accusé. La peine a été
réduite d'une année pour tenir compte de la responsabilité diminuée
de l'accusé.
ats/tac
Publié Modifié
Poignardés sans raison apparente
Le drame remonte à la fin août 2004. Une altercation impliquant plusieurs personnes avait éclaté en pleine rue devant un bar, près de la place Centrale.
Les deux victimes avaient été poignardées, sans raison apparente, par un groupe de jeunes. Elles devaient décéder peu après leur admission à l'hôpital.
Ce drame avait soulevé une très vive émotion en ville de Bienne. Une marche silencieuse en mémoire des victimes avait rassemblé plus de 3000 personnes.
Avec cette manifestation, les familles comme les proches avaient voulu sensibiliser la population à cette violence gratuite.
Acquittement plaidé
Si le Tribunal n'a pas retenu l'assassinat, c'est aussi que l'accusé n'avait pas prémédité son acte. L'avocat du jeune prévenu avait demandé l'acquittement sur la base des contradictions apparues dans les déclarations des témoins. «Le doute doit profiter à l'accusé», avait-t-il lancé.