L'objectif de la politique agricole (PA) 2011 est de réduire les
coûts tout en augmentant la compétitivité des paysans, a résumé le
président de la commission Hannes Germann (UDC/SH). Il devrait être
atteint notamment par la réduction des moyens dévolus au soutien du
marché, compensée par une hausse des paiements directs.
Le débat d'entrée en matière sur la PA 2011, qui n'était pourtant
pas contestée sur le principe, s'est étendu pendant près de quatre
heures mardi. Les défenseurs des paysans, des agriculteurs de
montagne, des fermiers obwaldiens, des producteurs de viande ou de
fromage ont tous dépeint la situation délicate de l'agriculture
suisse.
Esprits divisés
Si le nombre des exploitations continue de reculer de 2,5 % par
an, on pourra exposer la dernière famille paysanne au Ballenberg
d'ici une trentaine d'années, a affirmé ainsi Bruno Frick (PDC/SZ).
Et de lancer un appel à réduire le rythme des transformations
imposées aux agriculteurs.
D'autres orateurs ont souligné en revanche la nécessité de
poursuivre les réformes en vue justement d'assurer la survie de
l'agriculture. La nouvelle politique agricole ne constitue pas une
révolution, elle n'est qu'une étape de la stratégie lancée en 1993
avec la réduction progressive du soutien au marché, a rappelé la
conseillère fédérale Doris Leuthard.
Les paysans ont su s'adapter aux réformes, preuve en est la
stabilisation de leur revenu, d'après elle. Et personne ne pourra
arrêter les changements structurels en cours dans le monde agricole
depuis les années 50.
Prix excessifs
La restructuration s'impose en vue des négociations en cours à
l'OMC ou pour un éventuel accord de libre-échange avec l'Union
européenne. Il s'agit aussi de faire pression afin de réduire les
prix pour les consommateurs, qui sont jusqu'à 40 % plus chers en
Suisse que dans l'UE, selon la ministre de l'économie.
Or, les prix touchés par les producteurs suisses ont baissé
davantage qu'en Europe au cours des dernières années. Le problème
se situe donc dans la chaîne de transformation et de distribution,
a ajouté Simonetta Sommaruga (PS/BE).
Les subventions destinées au soutien du marché faussent la donne,
puisque les paysans ne touchent qu'un quart des moyens en jeu. Le
reste profite à l'industrie de transformation, aux détaillants et
aux bailleurs, entre autres.
ats/kot
Bio: dispositions assouplies
Pour l'heure, la Chambre des cantons a accepté tacitement de supprimer les aides à l'exportation de produits agricoles. Mais la discussion risque d'être plus vive lorsqu'il s'agira de réduire le supplément versé aux paysans pour le lait transformé en fromage.
Le Conseil des Etats s'est permis deux écarts. Par 21 voix contre 13, il a assoupli les dispositions pour la désignation de produits biologiques. La majorité a ouvert la voie à des exceptions à la règle selon laquelle la production bio doit s'étendre à l'ensemble de l'exploitation. Pierre Bonhôte (PS/NE) s'est inquiété en vain de cette atteinte à la crédibilité de la filière biologique.
Par 26 voix contre 7, le conseil a également refusé de mettre le contingent tarifaire de pommes de terre aux enchères dès 2009, au grand dam de la ministre de l'économie. Pour elle, ce système apporterait des avantages tant pour les consommateurs que pour les producteurs, comme cela a été le cas pour la viande.
Les grandes questions débattues mercredi
Le Conseil des Etats reprendra l'examen du projet avec la question d'une libéralisation des importations parallèles pour les moyens de production agricoles. Il devra aussi se prononcer sur l'enveloppe dévolue aux paysans pour les années 2008 à 2011.
La majorité va probablement s'aligner sur le crédit de 13,499 milliards de francs proposé par le gouvernement. Mais elle risque d'augmenter un peu les moyens pour le soutien au marché au détriment des paiements directs.