Le débat suscité par les déclarations du conseiller fédéral
Moritz Leuenberger a été bref et vif. Par 154 voix contre 2 et
quatre abstentions le plénum a soutenu la résolution du radical
Jacques Perrin. Elle encourage le Conseil d'Etat à rechercher des
alliances avec les associations, communes et cantons intéressés
pour la mise en oeuvre rapide d'une voie supplémentaire entre
Renens et Coppet.
Incohérence évidente
«Il faut passer des discours aux actes», a lancé le socialiste
Jean-Michel Favez. Et développer des alternatives au transport
individuel. Surtout lorsque les scientifiques dénoncent les dangers
des émissions de CO2. Le syndic vert de Lausanne, Daniel Brélaz, a
abondé en disant qu'il fallait «pousser le Conseil fédéral à sortir
de l'ornière».
«Enfin dira-t-on», a renchéri Olivier Français. Le radical juge
«graves» les récents propos de Moritz Leuenberger pour qui la 3ème
voie n'est pas une priorité. Il prie le gouvernement fédéral de
respecter ses promesses et de doter le bassin lémanique des
infrastructures qu'il mérite.
Le libéral Philippe Vuillemin s'est emporté et a demandé si la
ligne mythique du Gothard allait encore engouffrer pendant 500 ans
«notre fric». Les Vaudois et les Genevois doivent «gueuler» comme
les Wallons le font vis-à-vis des Flamands, a-t-il ajouté en
conseillant aux députés fédéraux «de montrer les dents» sur ce
sujet.
Intérêts romands
Son collègue Philippe Leuba a appelé à la retenue, affirmant
qu'il ne fallait «pas régler des comptes» entre les régions du pays
par le biais du dossier ferroviaire. Il a réclamé l'unité du Grand
Conseil afin de soutenir toutes les démarches visant la défense
des
intérêts romands.
En fin de compte, seul le libéral Nicolas Daïna a jugé qu'il ne
fallait pas «lancer des résolutions à la va-vite» et plutôt
attendre pour mieux «se documenter». Son intervention a soulevé une
bronca.
ats/cab/nr
François Marthaler, mécontent et rassurant
Le conseiller d'Etat François Marthaler a pour sa part rappelé que le gouvernement vaudois n'était pas resté les bras ballants dans cette problématique. Il est inacceptable que les surcoûts du Gothard mangent les investissements indispensables ailleurs dans le pays, estime-t-il.
François Marthaler s'est toutefois voulu rassurant néanmoins. Si le Conseil fédéral a de la peine à entendre les revendications romandes, les Chambres fédérales devraient être à l'écoute. Il en va selon lui d'une simple cohérence entre les discours sur l'environnement et la mobilité.
Les déclarations de Moritz Leuenberger
Dans les médias, le conseiller fédéral Moritz Leuenberger a déclaré que la réalisation d'une troisième voie entre Genève et Lausanne ne constituait pas une priorité.
Il a proposé d'autres solutions techniques (augmentation du nombre de rames à 2 étages notamment) pour augmenter les capacités de transport par rail entre les deux villes du bassin lémanique.
Moritz Leuenberger a expliqué au "Temps" samedi qu'il reste 5 milliards à disposition, mais que cette somme "ne suffira de loin pas pour concrétiser tous les projets souhaités par les cantons".