Le Parlement devait aborder la révision de la loi sur le CO2 en mars dernier et les grévistes du climat prévoyaient de faire pression. Mais tout a été repoussé au minimum au mois de juin.
La crise économique qui s'installe risque par ailleurs de mettre de nombreuses entreprises en difficulté. Dans ces conditions, des voix s'élèvent à droite pour abandonner une partie des nouvelles mesures climatiques.
"Pas besoin de taxer autant que prévu"
"Ces mesures que le Conseil fédéral a prises, cela va coûter aux générations futures. Donc finalement je pense qu'on doit limiter les taxes sur le CO2", affirme ainsi le conseiller national Pierre-André Page. L'UDC fribourgeois se dit persuadé que cette crise aura aussi créé un déclic dans la population suisse, "qui va moins voyager, qui va mieux utiliser les transports publics". Et finalement, dit-il, "on n'aura pas besoin de les taxer autant que ce qui était prévu":
On entend aussi ce mot "déclic" dans la bouche de certains écologistes, mais dans un tout autre sens: l'épidémie peut être vue comme un avant-goût de la crise climatique. Des militants y voient aussi une preuve que notre société serait capable de tout bloquer, de tout changer, face à un danger qui menace tout autant notre existence.
"Nous avons besoin de ces mesures"
Le gouvernement, lui, refuse de mélanger les dossiers. Mais la présidente de la Confédération n'oublie pas les objectifs climatiques. "Nous avons besoin de ces mesures", insiste Simonetta Sommaruga. "La pandémie ne les a pas rendues moins importantes. J'espère qu'on pourra très rapidement discuter de la loi sur le CO2 avec le Parlement pour qu'on puisse vraiment aller de l'avant avec ces mesures, qui sont urgentes."
D'ici à ce que le Parlement se prononce, la situation économique évoluera encore. Les pressions et les espoirs sur la question climatique ne vont quant à eux certainement pas faiblir.
Etienne Kocher/oang
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"Il y a un changement de priorités"
"Ce qu'on a vu après la crise financière de 2008, c'est que tout repart très vite, les industries, la circulation automobile... Et comme les prix du pétrole sont bas, ça va relancer la consommation", explique mardi dans La Matinale Joëlle Noailly, directrice du Centre d’Etudes environnementales, Graduate Institute Genève et experte des politiques économiques environnementales.
"Le danger, c'est que les objectifs environnementaux passent derrière l'envie de reprendre une vie normale, car il y a un changement de priorités", craint-elle avant de souligner qu'elle ne croit pas à des changements importants de la manière de vivre: "Les entreprises vont peut-être faire moins de voyages d'affaires maintenant qu'elles ont constaté que les meeting en ligne sont possibles, mais je ne crois pas qu'on va changer radicalement nos habitudes."
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