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Criminalité: jeunes toujours plus impliqués

La délinquance juvénile reste problématique.
La délinquance juvénile est de plus en plus problématique
Les cantons de Zurich et du Jura ont enregistré une forte hausse de la criminalité chez les jeunes en 2006. Les policiers alémaniques pointent du doigt l'implication disproportionnée des jeunes originaires des Balkans.

La police cantonale zurichoise a relancé jeudi le débat sur les
jeunes délinquants des Balkans en présentant ses statistiques pour
2006. «Notre souci numéro un reste la criminalité juvénile», a
déclaré devant la presse le chef de la police criminelle de Zurich,
Bernhard Herren. Sur 32'908 criminels présumés au total, on a
dénombré 4346 délinquants de moins de 18 ans, un «nouveau
record».

Cela représente une hausse de 3,3% par rapport à 2005.
L'évolution est encore plus inquiétante si l'on considère les
délits graves contre la vie et l'intégrité corporelle, en
augmentation de 135%. Pour les seules blessures corporelles graves,
la hausse atteint 218%.

Expulsion préconisée

Bernhard Herren a surtout pointé le doigt sur les jeunes
originaires des Balkans, qui sont représentés «de façon
disproportionnée». Ils constituent plus de la moitié (52,6%) des
jeunes criminels étrangers pour les délits contre la vie et
l'intégrité corporelle. Bernhard Herren a exigé «des mesures
drastiques allant jusqu'à l'expulsion de toute la famille». Il n'a
pas précisé la part totale des jeunes délinquants étrangers.



Le chef de la police criminelle zurichoise a également mis au
pilori les criminels adultes originaires des Balkans. Ils
représentent 25% des délinquants étrangers, et même 32,6% pour les
délits contre la vie et l'intégrité corporelle.



Dans son communiqué, la police zurichoise dénonce «l'énorme
énergie criminelle» dont font preuve les auteurs de délits au
bénéfice d'un permis de séjour. Et exige que ces criminels
«puissent être expulsés le plus vite possible de Suisse». C'est la
catégorie des délinquants établis légalement dans le canton qui
pose le plus de problèmes.

Pas le même problème à Bâle

A Bâle-Ville, qui publiait ses statistiques criminelles jeudi
également, la part des jeunes criminels étrangers correspond plus
ou moins à leur proportion dans la population.



Les autorités ont plus de fil à retordre avec le «tourisme
criminel». De nombreux délinquants n'habitent pas le demi-canton ou
la Suisse, a relevé le procureur Beat Voser. Il a critiqué la
pratique de la Confédération de transformer les courtes peines de
prison en amendes. «Cela revient à inviter les criminels», selon
lui.



De manière globale, la part des criminels étrangers est en très
léger recul dans les deux cantons. Elle atteint 44,6% à Zurich et
55% à Bâle-Ville (où les étrangers forment 28% de la population).
De même, le nombre total de délits a une nouvelle fois diminué.
Mais les délits violents et, pour Bâle-Ville, ceux de la drogue,
sont en hausse.



ats/cab

CRAINTES ZURICHOISES RELATIVISEES

Répondant aux craintes zurichoises,
l'Office fédéral de la statistique (OFS) parle d'une situation
stable dans une perspective à long terme sur le front de la
délinquance juvénile.

Sur un total de 945'000 mineurs, 1,5% a été soupçonné d'avoir
commis un délit en 2005, soit environ 14'000 personnes, explique
Daniel Fink, chef de la section criminalité et droit pénal à l'OFS.
Seul 0,2% concernait des délits avec violence, selon M. Fink,
interrogé par l'ATS.

Sensibilité exacerbée

Ce qui a augmenté, c'est la sensibilité de la société envers la
violence, constate l'expert. Une bagarre entre ados ou une gifle
donnée par un adulte était considérées comme presque normales, ou
du moins, les protagonistes réglaient cela entre eux. Aujourd'hui,
de tels actes aboutissent beaucoup plus souvent à une plainte,
explique-t-il.



Pour l'avocat zurichois des mineurs Hansueli Gürber, les
phénomènes d'amplification ne sont pas à négliger. Lorsqu'une
affaire spectaculaire est rendue publique, comme le viol d'une
adolescente à Seebach (ZH) par des camarades d'école, toute une
série de plaintes sur des affaires similaires sont soudain
déposées, a-t-il déclaré à la radio alémanique DRS.

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Les jeunes inquiètent aussi dans le Jura

Le canton du Jura n'échappe pas à la hausse de la criminalité juvénile. Le nombre des délits commis par des mineurs a presque doublé, passant de 139 en 2005 à 257 en 2006.

Les vols et les dommages à la propriété constituent la moitié des infractions commises par des auteurs mineurs. Environ 6% sont des agressions et 4% des délits sexuels. Le reste est constitué pour l'essentiel d'affaires de stupéfiants.

«En dépit de cette hausse d'auteurs mineurs, la criminalité dans le canton du Jura est contenue», a souligné jeudi le commandant de la police cantonale. Le nombre d'affaires criminelles est passé de 2360 en 2005 à 2387 en 2006 (+1,14%). Sur les 1301 auteurs de délits identifiés, 34% sont des étrangers.

L'une des principales préoccupations est celle de la criminalité itinérante: des bandes de voleurs venues de France qui commettent des délits en Ajoie avant de traverser la frontière.

S'agissant de la circulation routière, trois personnes ont perdu la vie dans des accidents l'an dernier, comme en 2005.

Le nombre de cas d'ivresse au volant a légèrement augmenté. Sur les 1854 tests d'alcoolémie effectués, 389 ont été positifs, soit un taux de réussite de quelque 20%, chiffre supérieur à celui de bien d'autres cantons.