Le Conseil fédéral doit annoncer jeudi son plan de sortie de crise. Alors que les partis de droite et les milieux économiques y vont chacun de leurs propositions pour redémarrer l'économie, une seule chose est pour l'heure certaine: la date de la levée des premières mesures. Le gouvernement a en effet infiqué la semaine dernière que le déconfinement débuterait le 27 avril. (cf. encadré)
Les dix revendications de l'UDC
Les premiers appels à une relance de l'économie datent de la fin mars déjà, par la voix du groupe UDC aux Chambres fédérales. Les élus du parti conservateur demandent un retour à la normale dès le 20 avril, grâce notamment à l'obligation du port du masque "chaque fois que des personnes entrent en contact", afin de réduire le risque de contaminations involontaires.
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Une semaine plus tard, l'UDC revient à la charge avec un catalogue de dix revendications à l'intention du Conseil fédéral. Parmi celles-ci figurent le rétablissement du régime constitutionnel dès le 20 avril, l'abandon de tout engagement financier supplémentaire dans le cadre du droit d'urgence, la renonciation à tout nouvel impôt, taxe ou redevance, comme par exemple les prélèvements prévus par la loi sur le CO2, ou encore le maintien des contrôles aux frontières.
Le PLR pour un retour à la normale
Le PLR n'est pas en reste. Après un premier appel au Conseil fédéral le 1er avril, le parti publie ce mercredi sa "stratégie globale de sortie de crise". Le leitmotiv est le retour à la normale: les magasins et services qui peuvent respecter les mesures d'hygiène devraient pouvoir rouvrir, l'enseignement dans les écoles devrait reprendre après les vacances de Pâques et les parents devraient pouvoir placer leurs enfants dans les structures d'accueil extrafamilial.
Pour ce faire, le PLR recommande l'extension des tests de dépistage à l'ensemble de la population ainsi qu'un traçage numérique efficace des personnes contaminées, afin d'interrompre au plus vite les chaînes d'infection. Le parti plaide également pour un soutien de l'Etat aux entreprises pour l'acquisition du matériel de protection nécessaire. Enfin, il réclame un concept pour protéger les personnes vulnérables.
Les solutions libérales d'Avenir Suisse
Les revendications de l'UDC et du PLR quant à la levée des restrictions économiques sont quasi similaires à celles formulées par Economiesuisse il y a une semaine. Dans un document publié mardi, Avenir Suisse veut donner davantage de liberté aux entreprises. Celles-ci ne devraient pas prouver qu'elles respectent les mesures d'hygiène. Le principe d'autodéclaration est à ce titre suffisant.
Mais le groupe de réflexion d'obédience libérale veut aller plus loin. Pour lui, la sortie de crise doit s'accompagner d'une flexibilisation du droit du travail, notamment en matière de travail de nuit et de week-end. Par ailleurs, la dette accumulée par la Confédération pour la lutte contre la pandémie doit être résorbée d'ici 15 ans. Avenir Suisse réclame donc une discipline budgétaire stricte et des réformes dans le domaine social.
La gauche pose ses conditions
A gauche, on se montre plus prudent. Le PS a ainsi plusieurs fois mis en garde contre la tentation d'une reprise rapide. Les socialistes ont décidé d'attendre vendredi pour dévoiler leur stratégie économique. Les syndicats, de leur côté, posent d'ores et déjà leurs conditions à une reprise de l'activité économique: maintien des emplois et du pouvoir d'achat et renforcement des contrôles sanitaires sur le lieu de travail.
Pour les Verts, le redémarrage rapide de l'économie est une nécessité, mais le modèle de société doit évoluer. Le parti plaide pour une sortie de crise accompagnée par un programme d'impulsion écologique. Et de citer par exemple l'encouragement des circuits économiques régionaux ou le renforcement des instruments existants en matière de lutte climatique, comme les programmes de rénovation des bâtiments.
Le centre pour une solution équilibrée
Le PDC et les Vert'libéraux insistent quant à eux sur le nécessaire équilibre entre les mesures sanitaires destinées à protéger la population et leurs conséquences sociales et économiques. Les deux partis appellent les milieux scientifiques, politiques et les autorités à trouver une solution pour une sortie de crise rapide et sûre.
Didier Kottelat
Le déconfinement à la suisse
Selon nos informations, le déconfinement à la suisse devrait un peu ressembler à ce que l'on retrouve en Allemagne et en Autriche, c'est-à-dire un déconfinement par étapes. Il s'agirait de vérifier, après chaque étape, que l'épidémie n'a pas repris de la vigueur. Une stratégie qui permet d'affiner le scénario au fur et à mesure de la levée des restrictions.
Toujours selon nos informations, la solution privilégiée par le gouvernement est d'autoriser la réouverture dès le 27 avril des commerces et entreprises, à condition que ceux-ci puissent respecter les mesures sanitaires fixées par l'OFSP. Quitte, peut-être, à devoir porter un masque dans les domaines qui impliquent un contact rapproché avec les clients (salons de coiffure, etc.).
En ce qui concerne les écoles, elles pourraient rouvrir dans un deuxième temps, dans le courant du mois de mai. Et toutes les écoles - primaires, secondaires, post-obligatoires, universités et hautes écoles - pourraient d'ailleurs ne pas rouvrir au même moment.