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"Rien ne garantit que ce ne soit pas un faux départ", admet Alain Berset

L'invité de la Matinale - Alain Berset (émission spéciale) (vidéo)
L'invité de la Matinale - Alain Berset (émission spéciale) (vidéo) / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 40 min. / le 17 avril 2020
Le conseiller fédéral en charge du Département de l'Intérieur, Alain Berset, était l'invité de La Matinale vendredi. Il est notamment revenu sur les décisions de déconfinement annoncées la veille et répond aux critiques de certains secteurs.

Depuis cinq semaines, Alain Berset est à pied d'oeuvre pour gérer cette crise. Dès le 27 avril, certains secteurs comme les salons de coiffure ou les physiothérapeutes vont pouvoir rouvrir. Une remise en route graduelle avec un objectif: éviter les "stop and go". Mais qu'est-ce qui garantit que ce ne sera pas un faux départ? "Rien", selon le conseiller fédéral fribourgeois.

"Ce qui nous dirige, c’est la discussion avec les spécialistes pour éviter les rebonds. On ne veut pas arriver dans la situation où on doit tout refermer. D’autres pays l’ont vécu", persévère le chef du Département de l'Intérieur.

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"Les critères sont clairs"

Cet argument est aussi une réponse aux différents secteurs, comme la restauration ou le sport par exemple, qui se sentent laissés pour compte et qui critiquent un manque de pragmatisme après les annonces du Conseil fédéral de jeudi.

Ces milieux estiment avoir fait des propositions à la Confédération et ne se disent pas entendus: "Je vois bien les déçus et je ne suis pas surpris. Mais les critères sont clairs, nous cherchons les meilleurs chemins et c'est pour cela que nous aidons beaucoup ces branches", explique Alain Berset, qui estime par ailleurs que "l'existence des concepts de protection est un prérequis pour pouvoir discuter de réouverture, mais ce n'est pas un sésame pour dire qu'on va rouvrir les activités tout de suite".

Le conseiller fédéral de rappeler: "Nous rouvrons dès le 27 avril les domaines dans lesquels on a que des contacts un à un; dans lesquels on ne va pas générer de grands mouvements dans les transports publics ou dans le trafic; dans lesquels on peut retracer qui a été avec qui dans les semaines passées. Maîtriser ces éléments est important pour faire un premier pas et ensuite cela évoluera".

"Comment peut-on prendre des décisions pour l'automne?"

Des critiques ont également été formulées par les différents festivals programmés tout au long de l'été et qui reprochent au Conseil fédéral de ne pas s'être positionné clairement sur leur situation.

A ce titre, Alain Berset demande de la compréhension: "Il faut rappeler que la crise sanitaire actuelle a débuté il y a 6 ou 7 semaines en Suisse. On nous demande maintenant de prendre des décisions qui portent jusqu'à l'automne? Nous allons regarder ça la semaine prochaine, mais ça prend du temps. Pour le tourisme, l'événementiel, le sport, il faut rappeler une chose: les frontières sont fermées, les avions ne volent plus. Ce n'est pas nous qui avons créé une situation insupportable. Nous essayons simplement de la traverser le mieux possible".

Renoncer à nos données personnelles?

Pour lutter contre la propagation du Covid-19, de nombreux ingénieurs et scientifiques travaillent à l'internationale sur l'utilisation des nouvelles technologies et en particulier des téléphones portables. L'idée est simple: les smartphones se repèrent et échangent des codes anonymes via Bluetooth. En cas de contamination, les personnes ayant été en contact avec un malade sont prévenues par SMS, le tout garantissant a priori un anonymat total. Pour l'heure, aucun pays n'a encore lancé d'application de ce type.

>> Ecouter la chronique numérique complète d'Anouch Seydtaghia :

La chronique numérique. [RTS]RTS
La chronique numérique - Les téléphones contre le virus? / La chronique numérique / 4 min. / le 17 avril 2020

Cette solution pose évidemment de nombreuses questions éthiques, notamment concernant la protection de la sphère privée. Sera-t-on obligé de télécharger une telle application? Alain Berset s'était déjà positionné récemment sur la question, affirmant que cela était "exclu".

"On suit depuis le début le développement de ces applications et de ces réflexions. Nous avons d'ailleurs rapidement consulté les spécialistes en matière d'éthique à ce sujet. C'est une question extrêmement sensible, mais il ne saurait être question de renoncer à nos libertés fondamentales, à la protection des données. Si les conditions sont remplies, évidemment cela pourrait être une aide pour accompagner l'évolution de l'épidémie. Mais si nous réussissons ce que nous faisons maintenant, à savoir retourner à un endiguement strict, on peut imaginer que ces applications auront un intérêt moins important, mais on n'écarte aucune piste", précise Alain Berset sur la RTS.

Propos recueillis par Romaine Morard

Adaptation web: Jérémie Favre

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