«On devrait plutôt assister à une stabilisation, voire à une
baisse des primes dans certains cantons», a déclaré le conseiller
d'Etat vaudois, partisan de la caisse unique, dans une interview
publiée mercredi par «24 Heures» et la «Tribune de Genève».
Travail "gravement insuffisant"
Dans les colonnes des mêmes journaux lundi, Pascal Couchepin
pronostiquait des hausses des primes de l'ordre de 2 % pour 2008 et
2009. Depuis le début de la campagne sur la caisse maladie unique
lancée en décembre, le conseiller fédéral descendait pour la
deuxième fois dans l'arène médiatique pour combattre
l'initiative.
Pierre-Yves Maillard considère que «sur la base de ses propres
chiffres - monitoring des coûts de la santé de l'Office fédéral de
la santé publique -, les coûts de la santé devraient augmenter de
0,4 % en 2006». Le Vaudois se demande par conséquent pourquoi
Pascal Couchepin parle d'une hausse de l'ordre de 2 %.
Il estime dès lors que «le travail de Pascal Couchepin est
gravement insuffisant». Le conseiller fédéral et «ses services ne
sont pas capables d'exiger des primes qui correspondent aux coûts»
et préparent «des hausses supérieures aux coûts».
«Exercice à très haut risque»
Le directeur de l'Institut d'économie et de management de la
santé de l'Université de Lausanne, Alberto Holly, est lui dubitatif
sur la pertinence des prévisions du conseiller fédéral. Faire des
projections sur le montant des primes longtemps à l'avance, sans
donner de marge d'incertitude est considéré comme «un exercice à
très haut risque», a-t-il expliqué dans un interview publiée
mercredi par «Le Temps».
«Je peux encore accepter que l'on fasse de telles prévisions sur
l'année en cours, mais pas au-delà». Car de nombreux éléments
entrent en ligne de compte dans la fixation des primes. «C'est un
mécanisme complexe. Les primes servent à couvrir les prestations,
mais aussi à la compensation des risques et aux réserves que les
caisses doivent constituer», a-t-il dit.
ats/tac
Pas de stabilisation en vue
A long terme, le professeur Alberto Holly ne constate ni de «stabilisation, ni la mise en place de véritables mécanismes de régulation qui contribueraient à maîtriser la hausse des coûts à l'avenir».
«A eux seuls, le système TarMed et la réforme du financement des hôpitaux ne sont pas forcément des facteurs de stabilité».
Le professeur juge toutefois corrects les arguments utilisés par Pascal Couchepin comme l'absence de hausse majeure des coûts de la santé ces derniers mois ou la baisse «spectaculaire» du prix des médicaments.
«Mais cela ne veut pas dire que l'on peut se projeter ainsi dans l'avenir», selon lui.