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Le bilan du Covid-19 pourrait être plus élevé que les chiffres officiels

Comme ailleurs en Europe, le nombre de victimes du Covid-19 pourrait être sous-estimé en Suisse. Les décès annoncés par la Confédération restent inférieurs à la vague de surmortalité qui touche le pays, d'après une analyse de la RTS.

Omniprésents, les chiffres officiels du nombre de décès liés au Covid-19 rythment notre quotidien et alimentent les stratégies de lutte contre la pandémie. Mais ils peuvent être lacunaires. La cause du décès est parfois difficile à attribuer, tout le monde n'est pas testé et il peut exister des retards dans le traitement des données.

L'un des meilleurs moyens de voir les conséquences d’une crise sanitaire consiste à analyser l'excès de mortalité. Il s'agit de l'écart entre le nombre de décès, toutes causes confondues, avec la moyenne des décès enregistrés à la même période les années précédentes.

Selon notre analyse, la surmortalité actuelle (lire notre article du 15 avril) est supérieure à la vague de décès attribués au Covid-19. Un écart s'est creusé entre le nombre officiel de décès liés au coronavirus, communiqué par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), et la surmortalité calculée par l'Office fédéral de la statistique (OFS) à partir de tous les décès.

Le graphique ci-dessous a été mis à jour après la rédaction du texte. Dernière mise à jour: le 28.04.2020.

L'OFSP sans explication

Ces dernières semaines, quelques centaines de décès restent donc inexpliqués. Des écarts statistiques sont possibles, mais il est peu probable que ces excès soient uniquement le fruit du hasard vu leur importance et leur durée dans le temps.

D'où vient cette différence? Y a-t-il de nombreux décès indirects, par exemple de personnes souffrant d'autres maladies qui ne sont pas allées se faire soigner? Les chiffres communiqués par la Confédération sont-ils incomplets ou très en retard? Les décès compilés par les cantons présentent un écart plus faible avec la mortalité constatée.

Interrogé, l'Office fédéral de la santé publique assure recevoir "tous les cas de décès liés au Covid-19". En revanche, l'OFSP dit ne pas être capable d'expliquer cette différence. L'Office, qui organise la lutte contre le virus en Suisse, s'appuie pourtant sur ces chiffres pour établir sa stratégie de crise.

Différences semblables ailleurs en Europe

L'écart entre les décès attribués au Covid-19 et la surmortalité n'est toutefois pas une exception suisse. Le même phénomène est observé dans plusieurs pays européens qui publient des données similaires, comme en Angleterre, aux Pays-Bas, en France et en Italie.

En Espagne, par exemple, il y a eu entre la mi-mars et la mi-avril environ 26'400 décès de plus que la normale. Mais, pour la même période, les chiffres officiels indiquent que le Covid-19 a fait quelque 20'700 victimes. Cela laisse entre 5000 à 6000 décès inexpliqués.

Jusqu'à la moitié des décès inexpliqués

La différence semble surtout marquée au plus fort de la crise et dans les régions les plus touchées par la pandémie. En Castille-La Manche, au centre de l’Espagne, des chercheurs relayés par El Paìs et The Economist ont calculé que les décès attribués au Covid-19 ne correspondaient qu'à la moitié de la vague de surmortalité.

En Lombardie aussi, premier foyer de la pandémie en Europe, des critiques sont apparues début avril. Selon le quotidien Eco de Bergame, les chiffres officiels ne reflétaient qu'une petite moitié des victimes réelles du virus.

Le maire de Bergame, Giorgio Gori, comparaît alors les chiffres officiels au "pic de l'iceberg" et rappelait l'importance de ces données: "Connaître le vrai nombre de morts ne sert pas qu'à mesurer la tragédie. Aujourd'hui, c'est le seul moyen d'estimer l'ampleur réelle de la contagion." Selon les chiffres, "les stratégies (y compris de déconfinement) seraient totalement différentes", indiquait Giorgio Gori.

Reste à découvrir la cause de cette surmortalité inexpliquée. En Italie et en Espagne, les experts estiment qu'il s'agit en majorité des victimes directes du Covid-19, souvent décédées à la maison. Mais il faudra probablement attendre plusieurs semaines avant d'y voir plus clair.

Valentin Tombez

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La vague de surmortalité fléchit légèrement en Suisse

Comme annoncé ces dernières semaines, le coronavirus provoque un pic de surmortalité en Suisse depuis la mi-mars. Celui-ci s'est poursuivi durant la semaine se terminant le 12 avril, malgré un petit fléchissement, d'après les dernières données publiées mardi par l'Office fédéral de la statistique (OFS).

Le nombre de décès de personnes de plus de 65 ans a ainsi légèrement diminué mais il reste largement au-dessus de la normale.

Plus d'infos: notre analyse complète sur la Suisse