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Cannabis: le débat au National pas clos

Cannabis. Pour ou contre la légalisation?
Le taux de THC dans le cannabis inquiète certains parlementaires
Les fronts sont figés au Conseil national sur la dépénalisation de la consommation du cannabis, réclamée par une initiative populaire. Droite et gauche se sont affrontées mercredi pendant trois heures sans arriver au terme de leur débat.

Celui-ci reprendra la semaine prochaine, mais un rejet de
l'initiative par la majorité bourgeoise se dessine déjà. Le peuple
aura le dernier mot en 2009 ou 2010.

Pour les socialistes et les Verts, qui soutiennent le texte, il
est temps de mettre fin à une situation hypocrite. Quelque 500'000
Suisses fument des joints et sont considérés comme des criminels, a
fait valoir Geri Müller (Verts/AG). "En 30 ans, la consommation n'a
cessé d'augmenter. Il est illusoire de vouloir la réduire par
l'interdiction", a ajouté son collègue de parti Bastien Girod (ZH)
qui, à l'instar de nombreux nouveaux élus, a profité de ce long
débat pour monter pour la première fois à la tribune.

Meilleur contrôle...

L'initiative permettra de contrôler le marché du chanvre et
d'édicter des règles strictes comme une limite d'âge pour fumer ou
une teneur maximale en THC (la substance toxique). Aujourd'hui
l'achat et la production de cannabis profitent avant tout à des
organisations criminelles, peu soucieuses de l'âge des
consommateurs, a expliqué Maria Roth-Bernasconi (PS/GE). Il faut
arrêter de fermer les yeux et mettre fin au marché noir, a renchéri
la Bernoise Christa Markwalder, membre du comité d'initiative et
soutenue par un tiers des radicaux.



L'idée de nouvelles règles est "séduisante sur le papier, mais ne
pourra jamais être appliquée dans la réalité", a rétorqué son
collègue de parti, Christian Wasserfallen (BE). Pour lui comme pour
la quasi totalité des élus bourgeois, dépénaliser la consommation
de cannabis, même si c'est uniquement pour un usage personnel,
signifie sa banalisation. Or les risques pour la santé sont connus.
Les jeunes qui fument ont des problèmes lors de leurs études ou de
leur apprentissage.

... contre trop gros risques

Il existe une corrélation entre le chanvre et le risque de
développer une psychose ou une schizophrénie, a en outre affirmé,
étude à l'appui, la policière Andrea Geissbühler (UDC/BE). Son
collègue de parti et psychiatre jurassien Dominique Baettig a même
expliqué que les consommateurs de cannabis devenaient à terme des
"handicapés structurels". "Aucune drogue n'a jamais été inoffensive
et les jeunes ont besoin de repères", a assuré Claude Ruey
(PLS/VD).



D'autres élus bourgeois ont souligné les dangers que représente la
"fumette" pour les tiers, notamment parce qu'elle est la cause de
nombreux accidents de la route. Fait aggravant à leurs yeux,
l'augmentation des teneurs en THC, qui ne disparaîtra pas. "Les
joints n'ont plus rien à voir avec ce qui faisait le bonheur des
beatniks sur la route de Katmandou", a relevé le policier
neuchâtelois et vice-président de l'UDC Yvan Perrin. Quant à
l'argument de la gauche selon lequel le tabac et l'alcool, tout
aussi nocifs, sont en vente libre, il l'a botté en touche: "ce
n'est pas une raison pour lâcher dans la nature un nouveau
poison."



"Les méfaits du cannabis sont évidents et non contestés", a
reconnu Stéphane Rossini (PS/VS). Il ne faut ni banaliser ni
diaboliser les fumeurs de joints mais leur expliquer très
concrètement les risques qu'ils encourent, a renchéri Jacqueline
Fehr (PS/ZH). C'est pourquoi l'initiative prévoit justement que la
Confédération prenne des mesures pour protéger la jeunesse. Elle
lui demande également d'édicter des prescriptions concernant la
culture, la production, l'importation, l'exportation et le commerce
des substances psychoactives du chanvre. Le Conseil fédéral
recommande son rejet.



ats/hof

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Les autres décisions du National en bref

Assurance maladie: le Conseil national a accepté de mettre de l'eau dans son vin concernant le libre choix de l'hôpital par un patient. Pour ne pas brusquer les cantons, il s'est rallié par 97 voix contre 87 à la solution adoptée en septembre par le Conseil des Etats. Ce dernier doit à nouveau se prononcer sur les divergences restantes dans la réforme du financement des hôpitaux.

Assurance maladie bis: par 116 voix contre 58, il s'est rangé derrière un nouveau modèle, qui pourrait servir de compromis, concernant la réforme du financement des soins à domicile et dans les EMS. Les cantons et les assureurs devraient se partager la prise en charge des soins aigus et de transition. Le dossier retourne au Conseil des Etats.

Assurance maladie ter: il a adopté tacitement une motion du Conseil des Etats visant à ce que les subsides pour réduire les primes maladie devraient être versées uniquement aux assureurs et non plus aux ayants droit. Cette pratique déjà appliquée dans 14 cantons devraient à l'avenir être inscrite dans la loi.

UNESCO: il a donné son feu vert à la ratification de deux conventions de l'UNESCO visant à mieux protéger le patrimoine culturel immatériel et la diversité culturelle. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.

Taïwan: il a accepté tacitement de reformuler sa motion concernant la position de la Suisse face à Taïwan au sein de l'Organisation mondiale de la santé. Le Conseil fédéral pourra ainsi continuer d'appliquer sa politique «d'une seule Chine» menée depuis plus de 50 ans.